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 Light the fuse ; Saw

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Victor Marx
Victor Marx
i walked with you once upon a dream
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ce conte a été posté le Lun 25 Jan - 20:10

Il faisait toujours froid.
C'était un mélange d'humidité et d'air marin, une touche de cette lumière trop blanche qui tapait sur les vitraux et faisait tomber une aura glaciale sur le lieu. Il y avait la caresse des courants d'air le long de ses doigts, obligés de rester impassible, pressés sur la couverture de la bible qu'il feuilletait avant que les fidèles n'arrivent, le murmure lointain de la circulation, quelque part au-delà des murs de pierre et sa respiration, régulière et étrangement lointaine qui se répercutait sur les murs à la recherche d'un écho que la petitesse de la structure empêchait de naître. C'était un endroit de paix. C'était quelque chose de capital et d'essentiel, un endroit qui permettait de renaître et de se ressourcer, de baigner dans l'amour, de dieu et de la communauté, dans le bien-être. Ils n'étaient pas beaucoup, pas vraiment, assez pour que Victor connaisse chaque visage, chaque sourire, quelques bribes d'identité, assez pour qu'il retienne un visage, qu'il le classifie, pense cerner la personne qui le portait.

C'était de l'orgueil, évidemment, et Victor plus que n'importe qui d'autre aurait dû le savoir. Il aurait dû connaître la délicatesse de l'âme humaine et sa versatilité, les changements étranges qu'elle pouvait subir, l'altération brutale et douloureuse de ce qu'elle était pour devenir autre. Il ne s'y attendait pas, cette fois. Ça avait été un gifle que de voir un de ses fidèles, un silencieux et un pensif, un calme et un froid, un îlot de silence au fond de son église tous les dimanches prendre le visage d'un étrange être violent et vulgaire, tous crocs et et griffes sortis, un palais en balles de flingue sur le bout de la langue. Il avait échappé à la confrontation, évidemment, avait reculé, un pas après l'autre, sans baisser la tête pour autant, peut-être pas assez rapide à désamorcer le conflit, peut-être un peu trop curieux pour la situation, trop demandant pour l'état d'effondrement de l'homme qui lui faisait face. Peut-être. Ça l'avait marqué, néanmoins, cette attitude de fin du monde et d'égoïsme, cet étrange tableau où le calme était en fait la tempête, le silence un bouillon d'insulte sans fin.

À sa décharge, lorsqu'il l'avait laissé cette fois-là, il ne s'attendait pas à le revoir. C'était puéril, il en avait conscience, mais il ne s'attendait pas à le revoir le Dimanche d'après à sa place habituel, son masque en place et l'air aussi silencieux et concentré que jamais. Il s'était demandé à quoi il jouait, ce qu'il faisait là, pourquoi il venait le provoquer jusqu'à l'endroit le plus sacré qu'il possédait, s'il faisait ça pour jouer, pour s'amuser, pour le rendre dingue, si ça allait marcher. Il l'avait fixé avec une colère froide, avait été un peu plus dur sur ses mots, avait été un peu terrible, un peu moins lui-même, et il n'avait fallu que quelques secondes après la fin du sermon pour que sa colère ne s'effondre, pour qu'il ne se sente mal, bêtement et stupidement mal, le repenti au fond du ventre et la désolation d'avoir manqué à toutes ses responsabilités. C'était absurde, de se comporter comme ça, absurde de ne pas penser aux motivations qui poussaient l'autre à revenir après leur altercation, absurde de ne pas penser à pourquoi il venait avant. Et peut-être qu'il avait mal, et peut-être qu'il se repentait, et peut-être qu'il n'était pas responsable, pas tout à fait, parce que les addictions n'étaient pas facile, parce que les états dans lesquelles elles nous mettaient. Il se trouvait impardonnable, détestable, désagréable.

Un peu bêtement, il avait espéré qu'il revienne.

Il avait répété, point par point, ce qu'il voulait lui dire, les excuses qu'il voulait présenter, parce qu'il était en tort, certainement pas sur tout, mais au moins sur cela, et que tous les torts devaient être redressés. Il avait attendu. Il attendait encore. Il attendait ce matin-là, son livre dans les mains, à regarder les fidèles qui se pressaient dans l'église dans le matin froid, détaillait les visages, les costumes, les masques, cherchait le sien. Il n'était pas là, pas vraiment, et ça l'avait perturbé plus qu'il n'aurait voulu l'admettre, il ne semblait pas lui-même, pas vraiment, une sorte de version alternative – une autre. Ce n'était pas frappant, mais ça se sentait dans la façon de se tenir, les expressions qu'arborait son visage, la ligne que suivait sa bouche. C'était un tout, une espèce d'anomalie, quelque chose de différent du masque du parc, quelque chose qui faisait flamber en lui toute sa culpabilité. Il avait attendu, tout le long du sermon. Il l'avait fait, bien, comme d'habitude, mais son esprit était ailleurs et s'il ne s'attardait jamais sur sa présence, il en était conscient, et c'était un sentiment étrange de s'adresser à une foule dont un seul visage se détachait. Petit à petit, les bancs s'étaient vidés et l'inconnu était toujours là. L'indécision au fond des yeux, Victor s'était approché de lui.

« Bonjour. » avait-il fini par lui lancer lorsqu'il était arrivé à proximité. « Est-ce que je peux vous aider ? » Il avait hésité une seconde avant d'ajouter, la voix plus basse, plus sérieuse, un sourire distant sur les lèvres. « J'ai des excuses à vous présenter. »
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S. A. W. Hampshire
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ce conte a été posté le Mar 26 Jan - 17:58

Pour une raison qu'il n'avait jamais réellement comprise, Spring était considéré comme le plus jeune des triplés.
À bien des égards, c'était une croyance stupide : outre le fait que les minutes de naissance qui les séparaient étaient trop peu substantielles pour justifier un écart de maturité - ou, dans son cas, de force de caractère - il avait été, en réalité, le premier à voir la lumière du jour. Il n'avait jamais réellement compris ce qui lui valait cette réputation absurde. Peut-être était-ce son caractère plus doux, plus tendre ; sans doute devait-il blâmer sa personnalité arrangeante, son pardon facile, sa tendance à arrondir les bords.
Il n'y avait pas réfléchi, pourtant : lorsque Autumn déversait son agressivité au cou des premiers venus, lorsque Winter ne savait pas aborder un sujet, lorsque les deux s'alliaient pour ignorer leur bien-être au profit de la bienséance pour l'un et de son arrogance pour l'autre, Spring s'était toujours fait une responsabilité de réparer les pots cassés.
La situation avec le pasteur de la ville n'avait pas été différente. À y regarder de plus près, même, Spring aurait réalisé qu'elle le gênait davantage encore que les précédentes frasques d'Autumn. Victor Marx représentait un idéal, un concept philosophique, un état d'esprit qui ne se mélangeait pas avec la violence, qui altérait, même, la paix intérieure que Winter recherchait, au fin fond de sa conscience meurtrie, en se présentant à lui tous les Dimanche.

Théoriquement, Spring n'avait rien fait de mal. Dans les faits, même, cet incident ne le regardait pas : Autumn partageait la même enveloppe corporelle que lui, mais leurs morales différaient, leurs manières d'aborder le Monde également ; il aurait pu, en outre, se contenter d'être un témoin silencieux, une entité dont le jugement n'avait pas à affecter les concernés. Mais ce n'était pas Spring ; s'il fallait lui prêter des qualités d'aîné, alors sa manière de prendre soin de ses frères, d'assurer leurs arrières, de réparer leurs erreurs sans attendre de reconnaissance était incontestablement en tête de liste.
La décence voulait qu'il reste en dehors de tout ça ; son affection, au contraire, lui hurlait de prendre la situation en main, de ne pas la laisser se dégrader, encore, toujours, parce que s'il ne le faisait pas - s'il ne le faisait pas, personne ne le ferait à sa place.
Et ce n'était pas la lassitude, qui continuait à le muer ; malgré tout, Spring ne ressentait personne et était inspiré par la même sincérité, la même volonté honnête de bien faire selon sa ligne de conduite.

Winter s'installait toujours au fond, comme une ombre qui ne voulait pas être remarquée, individualiste dans sa recherche du mystique ; Spring avait pris place au milieu, certain d'être entouré, désireux de partager cette expérience à défaut d'être réellement croyant. Curieux, certes, intéressé, sans aucuns doutes - mais il n'oubliait pas la raison pour laquelle il se trouvait là en premier lieu, et même si son intérêt pour le sermon du pasteur n'était pas feint, il n'arrivait pas à l'assimiler tant son esprit restait focalisé sur le problème qu'il venait démêler.
Ou tenter de, et comme pour mieux faire passer la pilule, il passa la matinée à suivre les mouvements du maître des lieux d'un regard d'une quiétude incroyable, empreint d'une paix d'esprit et de corps parfaite, comme s'il voulait lui signifier qu'il venait avec les meilleures intentions du Monde, qu'il n'était plus l'animal sauvage acculé qu'il avait pu être, qu'il n'avait rien à voir avec la personne qui lui avait sauté au cou à ce moment-là - et outre cette évidence, Spring était incapable de transférer quoi que ce soit de malsain, et son aura de tranquillité apaisante semblait prendre tout son sens au sein de cette petite église de campagne, comme disproportionnée par la symbolique du lieu.

Il avait patienté, sagement, sans précipitation - avait participé, même, au moment des chœurs, lorsqu'il avait fallu réciter, chanter, s'investir, et il avait bougé les lèvres sans savoir quoi dire, sans connaître ce qu'il fallait dire, mais avait trouvé un réconfort étrange dans cette harmonie, ce mouvement de foule avec des inconnus qui achevaient, l'espace d'un instant, un plus grand dessein le temps d'une minute ou deux.
Et bien sûr, tout ceci n'était qu'une illusion, parce que ça n'avait rien de patent, que la religion était une institution avant tout autre chose, mais Spring avait trouvé ça incroyablement beau et il comprenait un peu mieux, peut-être, le réconfort que Winter pouvait y trouver.
Il en était à peu près à là dans sa réflexion, laissant ses yeux curieux suivre le mouvement des foules s'extirpant de l'église, lorsqu'il réalisa qu'il allait se retrouver seul avec le pasteur. Sans précipitation, il avait remis sa veste et ses chaussures - qu'il avait retiré pour taper du pied sans briser le calme du lieu - s'était remis debout, s'était étiré et s'apprêtait, enfin, à aborder l'homme de foi lorsque la voix de ce dernier lui parvint, lui faisant relever le nez avec une surprise qu'il ne chercha pas même à dissimuler.

Spring ne jugeait pas les gens. Tout au contraire, il avait une tendance à la tolérance exacerbée, et s'il cherchait à savoir, s'il cherchait à comprendre, s'il cultivait l'indiscrétion parfois, il ne remettait jamais en tort, parce qu'il savait que toutes ces choses qui lui échappaient ne lui permettait pas d'aborder la vie des autres avec la même sensibilité, le même savoir acquis. Il ne s'attendait pas à ce que Victor lui présente des excuses - mais, là encore, il ignorait tout des chemins qu'il avait empruntés - pourtant l'étonnement ne tarda pas à faire place à un sourire instinctif, de ceux qu'on pouvait arracher en prenant de court pour le mieux, en touchant un cœur exacerbé plus habitué à donner qu'à recevoir.

« Bonjour, répondit-il d'une voix légère, presque amusée, quoique sans que cela ne ressemble de près ou de loin à de la moquerie. J'apprécie que vous preniez l'initiative, et j'accepte vos excuses, mais je crois que je suis celui qui a le plus à se faire pardonner. Rien ne justifie mon comportement, j'en ai conscience, mais je tenais à ce que vous sachiez que ce n'était rien de personnel, et que je ne pense aucunes des choses que j'ai pu dire ce jour-là. Je n'étais pas tout à fait moi-même, et j'aimerais - j'apprécierais, réellement, que vous ne m'en teniez pas rigueur.  »


Dernière édition par S. A. W. Hampshire le Mer 10 Fév - 20:01, édité 1 fois
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ce conte a été posté le Mer 27 Jan - 20:11

Certaines personnes étaient comme des églises ; elles dégageaient cette aura solennelle et douce, cet espèce de cercle de paix qui s'étendaient dans leur ombre, quelque chose de religieux, de triste, de doux, qui prenait à la gorge et qui empêchait de détourner les yeux. Il avait ressenti cela lorsqu'il avait visité la synagogue de West End, à Londres, lors d'un colloque sur la tolérance, l'immense sentiment de bien-être et de délicatesse, les yeux en l'air, rivé sur les arcades, bercé par le murmure des bruits de pas alors qu'il fermait les yeux, submergé par l'endroit, ému par tout ce qui se répercutait dans le lieu, tout ce qui se cognait aux parois, tout ce qui s'enfouissait en lui, le retournant complètement. Certaines personnes étaient comme ces lieux-là, des histoires à eux tous seuls, des êtres éthérés, incroyables, perturbants ; la personne qui lui faisait face était de celles-là. Victor était certain de n'avoir jamais vu cette facette-là. Il avait vu l'austère, il avait vu le décadent, n'avait jamais même entraperçu le saint.

« C'est le moins que je puisse faire. » avait-il répondu, doucement, les doigts posés sur le dossier d'un des bancs massifs comme pour se suspendre plus fort à la réalité. « J'ai oublié que ce n'était pas à moi de juger qui que ce soit, je n'aurais pas dû me comporter ainsi lorsque vous êtes revenu. »

Il avait employé sa voix la plus basse, son ton le plus doux, comme pour ne pas évaporer le mirage, comme pour le garder à portée de main, de doigts, de vue, éviter qu'il ne s'enfuie ou ne s'évapore. Il se savait ridicule, stupide, même, d'être à ce point frappé par ce qui n'était pourtant qu'un homme, de ressentir cette poussée, cette émotion, cette foi, subite et immense, alors qu'ils n'échangeaient que quelques mots, quelques mots qui passeraient vite, s'affadiraient, disparaîtraient, quelques mots qui venaient d'un homme qui semblait avoir autant de masques que de secrets, comme composé de pièces de puzzle qui ne s'additionnaient pas. Il n'était personne pour le juger, Victor était un secret pour lui-même, une équation insoluble dont on aurait effacer le milieu, mélangé les chiffres, le laissant là, pantois et désemparé, à chercher un ordre chez les autres. Il aurait dû savoir, que cet ordre n'existait pas, qu'il n'avait aucune légitimité à en traquer le moindre bout, qu'il ne devrait pas fouiller les gens, décortiquer ce qu'ils lui livraient, ce qu'ils dévoilaient, juger en silence le désordre qu'ils étaient. Il ne pouvait pas s'en empêcher, bien sûr. Ça ne l'empêchait pas de regretter.

C'était peut-être le regret, la culpabilité, aussi, d'avoir jugé un homme un jour et de vouloir le connaître le connaître le lendemain qui le poussait à s'attarder un peu trop sur son interlocuteur, à le balayer du regard comme pour l'imprimer, discerner toutes les différences, toutes les failles, toutes les incohérences qui faisait qu'il était lui et qu'il était différent de tout ce qu'il avait vu jusque là. Extirpé de sa torpeur par de nouveaux pas dans l'église, il avait secoué la tête, se passant une main dans les cheveux en lui accordant un dernier regard pensif :

« Et si nous allions en discuter dans mon bureau ? » C'était sorti comme ça, spontané et sans doute bien trop direct et il avait évité de le regarder dans les yeux, un instant. « Nous serions plus tranquille. Je ne veux pas vous forcer la main mais je pense qu'il est important que nous en discutions, non pas que je n'accepte pas vos excuses, loin de là, elles sont bienvenues et j'en suis très heureux. »

Des mots et des mots, tout un tas de mots pour fuir les yeux et les oreilles indiscrètes. Il avait adressé un signe de la tête à la vieille femme qui s'était installée au premier rang des bancs, les yeux rivés sur le vitrail central de l'église et avait fait un signe de la main pour inviter l'homme à le suivre, le guidant vers la petite porte dérobée qui menait à l'arrière du bâtiment, dans la partie moins austère et plus chaleureuse où il avait établi son bureau. L'endroit, chichement décoré, était à son image, dépouillé mais accueillant, paisible, malgré tout, et s'il ne l'était pas réellement, se retrouver dans cette pièce familière, entouré de ses livres et assis dans son fauteuil, contribuait grandement à son calme, à apaiser les douleurs qui faisaient mine de pointer leur nez. Du menton, il avait désigné à son hôte le fauteuil en face de lui, s'accoudant au bureau pour le fixer, scrutateur et curieux, sincèrement intéressé.

« Je peux vous proposer quelque chose à boire ? » avait-il commencé par demander, avant d'ajouter : « J'ai une question indiscrète à vous poser et vous n'êtes pas obligé d'y répondre si jamais elle vous semble trop directe mais j'aurais voulu savoir ce que vous recherchiez en venant ici tous les Dimanches. »
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