« A woman has that power, God given, to leave her marks on you. And it’s far harder to dispose of the marks than the woman who left them. »
◊ Do not allow me to forget you.
Une bien belle soirée qui s'offrait à toi, bien trop belle à ton goût. Il faut dire que depuis certains jours, tes rêves ou cauchemars -tout dépendait de la personne- se faisaient de moins en moins présent. Tu ne te réveillais plus en sursaut après à peine trois heures de sommeil, tu n'avais plus la migraine et tu étais plutôt heureux et cela se voyait. Toi qui était d'habitude de mauvaise humeur la plupart du temps, te voilà souriant, appréciant ton rhum alors que tu te trouvais dans un bar. Cependant, il ne fallait pas se fier à cette bonne humeur, ni à ce sourire que tu pouvais offrir. Ta journée avait été bien trop calme, trop plate, trop banale. L'étrange personnage que tu étais ne pouvait se contenter de ce genre de choses. Tu le savais pertinemment mais, tu ne pouvais pas mettre, comme d'habitude, ton doigt sur le problème. Pourquoi ? Pourquoi tu n'étais pas entier ? Les mêmes questions qui reviennent encore et encore. Pourtant ce soir tu allais te forcer de ne pas y prêter attention, tu allais faire en sorte d'être comme tout le monde. Apprécier le moment présent. Bien trop difficile mais, pourquoi pas mentir ?
La bonne humeur était présente, dans ce bar, d'ailleurs l'endroit en question était d'une atmosphère que tu appréciais fortement. Malgré les alcooliques notoires qui pouvaient facilement te faire sortir de tes gonds, de part leur manque de respect une fois fortement alcoolisé. Tu avais tout de même su te faire respecter. Beaucoup l'avaient compris, il ne fallait pas trop te chercher, tu n'étais pas un homme patient et si quelqu'un souhaitait te défier, ta réaction était plus que rapide à leur plus grande surprise.
« William, quand est-qu'on pourra monter sur ton voilier ? » Aurais-je oubliée de faire partager le fait que tu n'étais pas seul ? Tu étais accompagné de deux jeunes femmes. Elles étaient d'ailleurs très jolies, une très bonne compagnie en soit. Tu plonges ton regard dans celui de ton interlocutrice alors, qu'avec l'une de tes mains tu viens remettre une de ses mèches derrière l'oreille. « Désolé mais, peu de gens ont le droit de venir dessus. » Ou du moins, seulement les hommes peuvent. Tu étais loin d'être sexiste, au contraire d'ailleurs, cependant, tu as toujours eu cette étrange règle : Aucunes femmes ne devaient fouler ton voilier. La jeune femme t'adresses un regard peiné mais, tu as longtemps rompu tout contact visuel avec cette dernière. Tu peux l'entendre, comme un bruit de fond, te parler mais, tes yeux étaient posés sur une belle blonde qui venait de rentrer dans le bar. Enivrante.
Non. Ensorcelante.
Un genre de déjà vu. Cette sensation, tu l'avais déjà ressentit, ce qui était bizarre mais, ce n'était pas dérangeant, au contraire d'ailleurs, c'était plus que plaisant. D'un oeil curieux tu prends le temps d'apprécier la jeune femme, pas très grande, plutôt mince. Un bonnet, un pull bordeaux, un short surement en cuire, t'offrants pour ton plus grand plaisir le champ libre sur ses jambes. Tatouées et partiellement cachées par des des porte-jarretelles noires. Il était clair que la jeune femme s'assumait. Tu avais d'ailleurs un faible pour ce genre de femmes. « William ! Tu te fais tirer de ta contemplation, soupirant légèrement alors que tu regardes d'un air ennuyé la demoiselle. Tu m'écoutes ? Me dit pas que tu as encore tes épisodes bizarres ! » N'avais-tu pas dit que tu oubliais cela pour la soirée ? Cependant alors que tu regardes du coin de l'oeil la belle blonde, tu ne sais pas trop pourquoi, tu ne peux décrocher ton regard de cette dernière. Tu te mets à rire subitement, obtenant au passage un regard troublé de ta compagne de soirée. C'était bien la première fois qu'une femme avait pu te faire devenir ainsi. Tu lèves ton verre encore amusé de la situation. « Mon dieu les femmes... » Chuchotes-tu alors que tu termines ton verre d'une traite.
Dernière édition par William-James Morris le Mar 1 Mar - 3:32, édité 1 fois
Elle s'étale de tout son long sur le fauteuil. Levant les bras vers le plafond alors qu'elle fait craquer sa nuque. Elle grimace un peu, Mia n'aimait pas ce bruit. Voilà une journée qui se terminait et elle remerciait gracieusement le ciel. Elle était arrivée avec environ trente minutes de retard – un record de rapidité en soi -, pour se faire presque gueuler dessus par une femme au visage d'un bulldog anglais. Est-ce méchant ? C'est la vérité. Depuis le début où elle s'occupait de son tatouage, elle avait été d'un désagréable inégalable. Mia avait pris sur elle, excuses et tout le tintouin. Madame Bulldog avait fini par calmer sa colère pour s'installer sur la table. Elle avait pu sentir les regards de ses collègues fuyant la bataille et les geignements de la femme à chaque fois que l'aiguille rentrait dans sa peau. « Ton client, ton problème. » était le mot maître dans le salon. Certes, ils s'aidaient pour les dessins, des petits trucs comme cela. Mais le reste...
Et puis ça avait continué avec un client qui annule, un autre qui veut tout reprendre depuis le début. Un gamin qui vint d'avoir la majorité et qui se prend pour un petit caïd en voulant une tête de mort dans le cou. Imbécile.
« Tu te prends pour un pirate ? »
Avait-elle lancé au gamin. Ses yeux bleu-vert se posant lourdement sur ce qui pour elle se rapprochait plus de l'enfant que de l'homme. Il avait eu un rire nerveux. Un peu moqueur comme s'il disait « un pirate ? Mais tu viens d'où toi ? ». Il voulait un style de dessin bien particulier. La métisse danoise le laissa alors à Angel qui pratiquait bien mieux le style Old School. Et il avait même réussi à lui faire changer d'avis sur le lieu du tatouage. « Tu es un gamin. Tu'as encore des études à faire. Et un job a trouvé. » ouais, Angel, c'était le genre de mec qui était droit dans ses bottes et cela plaisait à Mia. Parce que c'était bien.
Mais tellement ennuyant aussi, les gens qui ne font que le bien.
Le reste de la journée s'était plutôt bien terminé en général. Mais notre jeune blonde avait la sale impression qu'on lui avait pompé toute son énergie. Rangeant finalement son matériel, elle déclina l'offre de ses collègues d'aller boire ensemble. Non, elle voulait être toute seule. Elle se sépara d'eux tout en remettant son bonnet sur ses cheveux un peu en pagaille. Enfin, après un petit moment, elle passe les portes du bar. Des fantômes du passé lui sautent aux yeux. Des visages qu'elle connaissait. D'avant. Mais elle n'arrivait plus à mettre un nom sur eux. Mais ils n'étaient pas là. C'étaient juste des gens normaux. Tout ce qui a d'ennuyant en réalité. Elle sentait quelques regards sur elle, elle connaissait cela. Pas de quoi en faire tout un plat. Alors, elle s'approche du comptoir et fixe quelques secondes les boissons avant de sourire en coin. Un sourire qui est étrange pour ceux qui t'observent. Parce qu'il semble... nostalgique.
« Un Blackbeard. »
Annonce doucement sa voix en reposant son regard sur le barman. Il hausse un sourcil, un peu surprit. Ce n'est pas une boisson que l'on semble souvent lui demander. Avant de repartir pour lui fabriquer ce cocktail. Il était fort, il était puissant. Elle connaissait cette odeur. Ce rhum. Elle préférait la vodka, mais Mia se sentait d'humeur à boire quelque chose de parfumé. Après un petit moment, il te l'apporte ce fameux cocktail. Magnifique. Pratiquement noir. Comme du goudron. Son index caresse doucement le verre. Et lui, qu'est-ce qu'il buvait cet idiot ? Encore du rhum sec. Elle en était certaine. Elle porte finalement la boisson à ses lèvres. Elle grimace, mais son sourire semble être greffé à ses lèvres. C'est fort et envoûtant.
Mais elle s'arrête. Le temps s'arrête. Les gens. Le monde. Un rire. Ce rire. Son rire. Elle le reconnaîtrait entre mille. Était-ce le cocktail qui lui faisait déjà autant d'effets ? Non, non. Ce n'est pas possible ! Sa main repose le verre, mais elle ne le lâche pas alors que sa tête se tourne. Elle cherchait. Qui ? Il ne fallut qu'une seconde, peut-être deux pour le trouver. Son cœur fait, lui fait mal, elle a l'impression qu'il remonte lentement son œsophage et qu'elle s'apprête à le vomir.
« Barbe Noire... »
Murmure t-elle alors. Comme un secret. Elle ne remarque que tardivement les femmes. C'est impossible. Qui sont-elles ? Une mauvaise journée. Un mauvais rêve. Elle se retourne sur son verre après avoir rencontré son regard. Le sien.
« A woman has that power, God given, to leave her marks on you. And it’s far harder to dispose of the marks than the woman who left them. »
◊ Do not allow me to forget you.
C'était bizarre l'effet que certaines personnes pouvaient avoir sur vous. Actuellement, la blonde que tu avais dévisagé sans gêne faisait partie de ce type de personnes. Comme si ton regard avait été hypnotisé par la belle, tu étais resté bien trop longtemps à faire voyager tes yeux sur les courbes de la demoiselle. Peut-être à imaginer à quoi pouvait-elle ressembler sans les tissus qu'elle portait ou peut-être que tu avais déjà, inconsciemment ta petite idée. Quoi qu'il en soit, elle avait réussi quelque chose que beaucoup n'arrivaient pas. Te faire douter et par la même occasion, attirer ta curiosité. Après tout, seulement l'argent ou tes voiliers avaient le plaisir de garder toute ton attention.
Un regard. Un seul de sa part et tu pouvais savoir si tu avais réussi à attirer son attention. Un seul et tu avais gagné. Il ne fallut que peu de temps pour qu'elle te regarde. Tu analysas d'ailleurs ce dernier, il était plutôt surpris avec un arrière goût de tristesse. Ce qui fit qu'encore plus attiser l'être curieux que tu étais. Cette curiosité, bien trop longtemps oubliée, effacée, refaisait surface. Tout comme ton envie d'aventure. La blonde en était une, et nous savons tous que cela faisait bien longtemps que tu n'avais pas eu d'aventures. Serait-elle un défi pour toi ? Tu allais le découvrir au plus vite. « Je suis navré mais, il va falloir que vous m’abandonniez mesdemoiselles. Fais-tu alors que tu poses ton verre vide sur la table, pour pointer du doigt ta nouvelle quête. La blonde qui se trouve au bar est une longue connaissance avec qui j'aimerais reprendre contact seul à seul. » Tu as une intonation de voix plutôt sévère, sérieuse même, et ton regard se trouve être dur. Plus vite elles partaient, plus vite la blondinette pouvait te rejoindre. Même si tu devais user d'un mensonge pour parvenir à tes fins. Alors que l'une des femmes allait commencer à parler, tu fais signe de main à l'un des serveurs, la coupant dans son élan. « T'aurais pas un papier et un stylo à m'préter ? » Un simple signe de tête et le voilà parti pour te ramener ce que tu avais demandé, ignorant par la même occasion les railleries des deux jeunes femmes alors qu'elles partaient enfin. Un soupire presque moqueur s'échappe de tes lèvres. Tu n'en avais que faire de ce qu'elles pensaient. « Ton papier et ton stylo, James, t'as besoin d'autre chose ? Plus de rhum peut-être ? » Tu laisses échapper un rire alors, que tu écris quelque chose sur le papier qu'il venait de te donner. « Plus de rhum ouais mais, faudrait que tu m'apportes ça à la blonde aux cheveux courts qui se trouve au bar. Tu peux pas la louper, c'est la plus belle et la moins sale de ce foutu établissement. » Dis-tu alors que tu lui tends le papier fraîchement plié, abordant un sourire taquin. « Pas certaine qu'elle voudra de toi alors. » Fait le serveur alors, qu'il t'arrache presque de tes doigts ton papier. « Va te faire. » Vous rigolez tous les deux et le voilà déjà parti pour lui remettre ce petit message que tu avais écrit.
« Le vrai rhum se trouve où je suis. »
Car oui, tu avais bien vu ce qu'elle avait commandé et tu savais déjà que tu l'appréciais. Si elle avait un penchant pour le rhum, c'était un point en plus.
Alors qu'elle tenait son verre de ses doigts, ses yeux se fermèrent pendant quelques secondes. Juste quelques instants dans sa vie. Était-ce seulement la réalité ? Elle avait l'impression d'être coincée dans une sorte de rêve tordu, voir même sadique. Et, pourtant, l'odeur de l'alcool, la sueur des hommes... Ces odeurs-là semblaient persister dans les endroits comme celui-ci. Peu importe le lieu ou les époques. Quoi que. Cela était plus vivable... En même temps, il y avait ce charme. Qu'elle ne retrouvait pas. Elle se demandait ce qui manqué. Ah... Mais bien sûr. Un nouveau rictus vint prendre place en coin de ses lèvres.
Les méchants garçons.
Mais les vrais. Pas ceux qui se pointent avec trois tatouages, un méchant regard et qui montrent les dents. Elle pensait à des hommes avec du charisme. Des hommes qui dégageaient quelque chose. Ceux qui en avaient peut-être trop vu. Ceux qui ne regrettaient rien. Quand vous croisiez le regard de l'un de ces personnages, on devine presque tous ce que leur âme avait pu engloutir comme atrocité. Ce genre d’entité qui ne devient qu'à force un peu plus noire à chaque fois qu'elle ose battre d'un cil. Parce que son existence même est devenue une monstruosité aux yeux du monde. C'étaient ces gens qu'elle avait finis par porter dans son cœur. Ils n'étaient pas tous aussi sombres que l'on pouvait l'imaginer... Mais elle ne se faisait pas d'illusion sur leurs comportements. Elle n'était pas stupide à ce point-là.
Mia revint alors à elle. Sa boisson aussi sombre que les fonds marins toujours entre ses doigts. Ce n'était pas un rêve. Notre tatoueuse le savait. Elle savait qui se tenait non loin d'elle. Un nom qui terrifiait n'importe qui vers les mers et les océans. Et cet homme, c'était celui qu'elle cherchait depuis qu'elle s'était retrouvée ici, dans cette ville. Une envie de rire la prit. Était-elle stupide ? Pourquoi ne pas avoir cherché dans les tavernes plutôt ? S'il n'était point sur la mer, c'est que cet imbécile buvait. Bien que la compagnie...
Elle s'arrête sur un visage peu familier. Le serveur qui lui tend un joli papier soigneusement plié. Un de ses sourcils se hausse. Elle tend finalement la main après quelques secondes et referme son poing. Il lui adresse un sourire et semble pointer du regard l'expéditeur de ce mot. Mia ne se retourne pas. Elle sait pertinemment de qui il s'agit. Un simple sourire pour remercier le gentil coursier, pour le laisser retourner à ses divers clients qui devaient être impatients de recevoir enfin leurs commandes. Certaine d'être à présent seule pour lire discrètement ce petit mot, elle le déplia soigneusement.
« Le vrai rhum se trouve où je suis. »
La blonde ne bouge pas. Ses sentiments étaient un vrac. Pourquoi ? Parce qu'elle n'avait aucune idée de ce qui se passait. Barbe Noire était le genre joueur, taquin. Mais oserait-il torturer Ondine de la sorte ? Alors qu'ils ne savaient pas ce qui se passait ? Le doute persistait en elle, notre fille se sentait un peu perdue. Elle devait avoir été certaine de ce que celui qu'elle affectionnait plus que tout au monde n'avait en tête. Cependant, elle ne fit que refermer le bout de papier tranquillement. Ses bras sur le comptoir, elle observait les différentes bouteilles en face d'elle. Une de ses jambes collée contre le pied du tabouret, alors que l'autre était correctement plié.
Que faisait-elle ? Pourquoi ne fonçait-elle pas en direction de la table où il l'invitait ? Elle avait eu un excellent maître. Toujours attendre le bon moment, ne jamais se précipiter, ne jamais faire trop attendre. Ses doigts se baladèrent une nouvelle fois sur le verre alors qu'elle venait déguster une nouvelle gorgée de son breuvage. Ce n'est qu'après, que son corps se mouva enfin vers la table que l'on venait de lui indiquer. Le rhum hein ? Elle ne détestait pas cela. Mais elle aimait en petite quantité. Tenant tranquillement son verre dans la main, elle finit par s'arrêter à la table. Posant sa boisson sur celle-ci. Mais son regard ne perdait pas le bleu lagon de ses yeux. Impossible d'y échapper.
« Il paraît qu'il y a du vrai rhum ici. »
Son cœur battait si fort dans sa poitrine. Parce que malgré tout ce qu'elle voyait dans le regard de son interlocuteur, de celui qu'elle savait qu'il était celui qu'elle aimait... Il manquait quelque chose. De terriblement important.
« Permettez ? »
Elle se glisse alors d'un côté de la banquette. Ni trop proche ni trop près de lui. Son cœur sous ses tempes faisait un boucan d'enfer. Elle ne s'entendait presque plus penser. Posant un coude sur la table, entre son index et majeur, le petit bout de papier.
« Je dois dire que ce n'est pas une technique que l'on emploi très couramment de nos jours. »
Juste quelques mots. Quelques instants avec lui. Et son cœur serait certaine de ce qu'elle craignait le plus. Peut-être la plus grande crainte de toute son existence en quelques paroles.
« A woman has that power, God given, to leave her marks on you. And it’s far harder to dispose of the marks than the woman who left them. »
◊ Do not allow me to forget you.
Tu regardais du coin de l'oeil ce qu'il se déroulait au bar. Tu espérais par la même occasion ce dernier ne dise rien qui pourrait te nuire, tu avais peut-être une belle guelle mais, il était certain que tu étais loin d'être un gentil garçon et si la jeune femme préférait le calme et la morosité, elle n'allait pas accepter de venir te rejoindre et discuter avec toi. Cependant il n'en était rien, il lui donna simplement le bout de papier et repris ses occupations de serveur. Tu attendais, toujours ton regard posé sur cette dernière, comme un prédateur qui observait sa proie. Tu espérais qu'elle te rejoigne mais, plus le temps passait plus tu doutais. Il est vrai que ta manière de l'aborder était pour le moins... Originale ? Peut-être était-ce cela le problème. Tu n'allais pas vers les gens, c'était eux qui devaient venir à toi. Encore une mauvaise habitude.
Les secondes te parraissaient des heures. Tu avais l'impression d'être un gamin qui attendait de recevoir ses cadeaux la veille de Nöel. Impatient. Impatient de pouvoir enfin entendre sa voix, de sentir son parfum, d'apprendre à la connaître, de détailer les trains de son visage, de découvrir ses mimiques. Puis finalement, elle se retourna pour regarder une nouvelle fois dans ta direction. Inconsiament, tu souris et ce sourire voulait en dire beaucoup. J'ai réussi. J'ai gagné. J'ai raison. Tellement de chose, il était taquin et un poil moqueur. Finalement alors, qu'elle s'avançait pour te rejoindre, tu prends tes aises sur ce canapé, affichant toujours ce foutu sourire. « Il paraît qu'il y a du vrai rhum ici. » Dit-elle alors qu'elle dépose son verre sur la table, plongeant ses yeux dans les tiens. Tu les avais déjà vu quelque part, c'était certain, et tu as cette impression de t'y être perdu plus d'une fois. « Il paraît, oui. » Un nouveau signe au serveur et ce dernier comprend le message. Tu souhaitais un autre verre, ou la bouteille entière. « Permettez ? » Tu hôches la tête, la regardant prendre place. Une place qui n'était pas la bonne. Une étrange sensation prend place en toi, elle était bien trop loin de toi mais, tu ne pouvais dire quoi que ce soit. Tu ne voulais pas la voir fuir à peine arrivée. « Je dois dire que ce n'est pas une technique que l'on emploi très couramment de nos jours. » Tu imites la même position qu'elle, sauf que ta main droite vient lui prendre de ses doigts le bout de papier. Tu t'approches légèrement, faisant en sorte de plonger tes yeux dans les siens. « On va dire que je suis plutôt vieux jeu. » Tu rigoles légèrement et pose le bout de papier sur la table. Tu es vite sorti de ta contemplation à cause du serveur qui vient sans une once de douceur, déposer une bouteille de Rhum sur la table. Tu lèves tes yeux et lui offre un regard sombre. Il se met à sourire et regarde la blonde d'un air amusé. « Vu comment il me regarde, j'suis désolé ma belle mais, il va rentrer avec moi ce soir. » Tu prends la bouteille avec ta main droite et lui fait signe de partir avec celle de gauche.
Tu ouvres la bouteille et te sers un verre. Bizarrement, tu as une nouvelle fois cette impression de déjà vu. « Fait pas attention aux conneries qu'il peut dire, c'est mon meilleur ami et cet enfoiré fera tout ce qu'il peut pour me nuire. Tu soupires et dépose la bouteille sur la table. Où sont mes manières ? J'me présente : William-James mais, tu peux m'appeler William. » Jouant à faire tourner doucement ton verre, tu regardes autours de toi. « Tu m'expliques ce que fait une aussi belle créature comme toi, ici ? Finalement tu apportes ton verre contre tes lèvres et prend une gorgée de ce rhum que tu adores tant. Serais-tu à la recherche d'aventures ?» Un regard curieux prend enfin place sur ton facies.
Encore une fois, pourquoi n'allait-elle pas plus près de lui ? Elle aurait pu s'approcher pour venir roucouler dans ses bras. Non, ce n'est pas qu'elle ne voulait pas. C'est qu'elle ne pouvait pas. Il y avait naturellement une raison à cela. Parce que déjà c'était le jeu. Elle le laissait gagner une bataille ou deux, mais notre blondinette n'était pas décidée à perdre la guerre. Ce n'était pas son genre de vouloir le laisser gagner. Avec Barbe Noire, il était clair depuis le début de leurs relations que ce n'était pas la facilité qui l'avait attiré. Notre jeune Ondine était devenue d'une nature méfiante, voire même combative par moments lorsqu'il s'agissait d'un humain. C'était le conflit entre eux, la méfiance, la confiance et l'apprivoisement de l'un et l'autre qui avait fini par séduire les deux êtres qu'ils étaient.
Elle le regarde s'approcher d'elle, il ressemblait à une sorte de félin. Mais plutôt de ceux qui faisaient cauchemarder les parents quand leur enfant s'approchait trop de la cage à prédateur. Mia ne peut s'empêcher de sourire en coin quand il lui retire ce petit bout de papier. Plutôt vieux jeu hein ? Elle trouvait cela attendrissant presque. Cela ressemblait à deux écoliers qui se passer des petits mots directement à chaque fois que le professeur avait le dos tourné. Notre jeune femme aimerait rire de cette situation. Mais elle n'y arrive pas. Parce qu'un sentiment bien particulier vient entourer son cœur et le compresser, cherchant à l'étouffer. À lui faire peut-être une attaque.
Il ne la reconnaissait pas.
Elle en était certaine à présent. Notre jolie blonde aurait bien voulu expliquer le pourquoi du comment. Mais son instinct lui disait, lui hurlait même dans les oreilles que Barbe Noire n'était plus. Elle sentait chaque parcelle qui composait son être se déchirer petit à petit en comprenant pleinement la gravité de la situation. Mais elle avait retenu une leçon, de quelqu'un. Sa sensibilité pouvait être sa plus grande force comme sa pire faiblesse. Utilise-la à bon escient. Transforme tes sentiments en quelque chose qui pourront te faire avancer. C'est pour cela que devant lui, elle refusa de se démonter. Ce fut comme un mécanisme de défense. Si elle semblait étrange à ses yeux, elle risquerait de perdre une chance de l'aborder. Alors, jouons la comédie, pensait-elle.
Un rire traversa cependant ses lèvres en relevant le regard vers le serveur. Son visage lui parlait étrangement. Mais elle n'aurait pas su dire pourquoi. Ses jambes se croisèrent sous la table, alors qu'elle reposait sa main sur le Blackbeard dont elle n'avait pas encore terminé la dégustation.
« Ah ? Vous formez un joli couple pourtant. »
Une pointe de sarcasme innocent. Et dieu sait qu'elle ne le pensait pas. Mia connaissait assez Barbe. Noire pour savoir que si quelqu'un aimait les femmes plus qu'il ne le fallait c'était bien lui. Elle avait lancé un peu « Hey ! » pour interpeller le serveur avant qu'il ne soit pas trop loin. Pour lui indiquer d'un mouvement de la main le verre qu'il tenait. Elle en boirait volontiers avec lui sûrement. Le serveur lui répondit par un clin d’œil.
Et puis ses yeux tombent sur quelque chose d'importants. Les doigts de l'homme. Des chevalières. Alors, il les portait toujours hein ? Elle ne l'avait jamais vu sans. C'étaient des sortes de petits trésors qu'il pouvait emporter avec lui, où qu'il aille. Portant de nouveau ses lèvres à sa boisson, elle l'écoutait. Puissant. Presque corsé. Les épices de ce rhum lui piquent presque son nez fragile. Elle ne peut s'empêcher de sourire à son compliment. Il savait toujours autant manier les mots pour plaire aux gens. C'était ce qui était plaisant et fatal chez lui. Ces belles paroles pouvaient être aussi vraies que le mensonge le plus excentrique. Contrôler ses sentiments. Ne pas se laisser avoir, ne pas rougir bêtement parce qu'il la flatte. Non, ce serait encore lui offrir une bataille.
« Il n'y a pas de meilleur endroit après une mauvaise journée. Je ne mettais jamais les pieds avant dans ce genre d'établissement. » Elle s'arrête. S'installe confortablement dans ce canapé, sans le quitter des yeux. « C'est quelqu'un qui m'y a fait prendre goût. Il m'appelait Mia ou Mia-Asløg si tu aimes les noms compliqués. »
Elle ne peut s'empêcher de pencher légèrement la tête sur le côté à sa question. Elle aurait presque pu pouffer de rire si la tatoueuse en avait eu le courage. Elle dépose alors sa tête dans le creux de sa main, son coude toujours sur la table. Malgré tout, elle n'arrive pas à perdre son sourire. Parce que c'est lui, parce qu'il ne semble pas avoir changé. Ou pratiquement pas.
« Si tu as une proposition... Mais je suis plutôt difficile à satisfaire. » Il ne lui reste presque rien dans son verre. Elle as acquit une bonne descente maintenant... « Oh, je retire ce que j'ai dis. Le meilleur endroit, c'est pas les bars. » Cette phrase reste en suspension. Quelques secondes, son regard bleu-vert reposant de nouveau sur lui. « C'est l'océan, le meilleur endroit. »
« A woman has that power, God given, to leave her marks on you. And it’s far harder to dispose of the marks than the woman who left them. »
◊ Do not allow me to forget you.
Ce nouveau monde te faisait tellement défaut Barbe Noire. Tellement que tu ne pouvais pas reconnaître la personne qui se trouvait en face de toi. Ta propre femme, Ondine, fille du roi de la Mer. Tu l'avais aimé, autant que tu avais aimé naviguer sur les océans. Personne n'était au courrant de votre engagement l'un envers l'autre et cela ne vous aviez pas dérangés, au contraire, cela aurait certainement pu mettre en péril ton statut de capitaine. Après tout, la réputation d'une sirène n'était pas des meilleures auprès des marins alors, savoir que tu en avais épousé une, cela n'aurait pas été étonnant qu'ils te traîtent de fou. Pourtant votre histoire d'amour avait plutôt mal commencée, tu l'avais trouvé inconsiente, échouée sur une plage. Méfiant tu l'avais mise en cage et bailloné, tu voulais en apprendre en plus sur ces créatures marines qui térifiaient et poussaient les hommes à passer par dessus bord. Alors, tu avais prit ton temps et avait posé tes conditions, tu lui redonnais l'usage de sa parole seulement si cette dernière ne tentait pas de te charmer, si elle ne remplissait ces conditions, elle finirait morte à l'instant même où une note ressemblant à du chant sortait de sa bouche. Elle avait respecté ces conditions, plutôt violentes certes et t'avais expliqué son histoire. Un coeur brisé encore une fois. Tu ne comptais plus toutes les personnes que tu avais rencontrés qui étaient victime de l'amour et de ses méfaits. Cependant toi, tu n'avais jamais eu le coeur brisé, tu ne connaissais pas ce côté là de l'amour, tu étais d'ailleurs celui qui brisaient les coeurs. Le plaisir, sans sentiments, c'était bien là la seule chose que tu connaissais.
Elle voulait se venger, tu l'avais aidé, tu avais prit d'assaut en emportant avec toi les choses de valeurs que contenait le dit navire du prince. Si il était présent ? Si il avait coulé avec tout son équipage ? Tu n'en avais aucunes idées, quoi qu'il en soit, après cet épisode, elle ne te quitta plus et t'aidas pour beaucoup de choses. Vous aviez prit le temps de vous connaître et sans vraiement comprendre, tu t'étais empreint de sa présence à tes côtés. Même si au début, tu avais été plutôt surpris de tes sentiments et même après toutes ces âmes en peine rencontrés, tu avais tenté ta chance avec la demoiselle.
Qu'elle tristesse de ne pas reconnaître le visage que tu as tant aimé.
Tu fints un léger sourire alors, qu'elle émet l'idée que tu puisses être en couple avec ton meilleur ami. « J'aime un peu trop les femmes pour être en couple avec un homme, ou quand bien même, à être simplement en couple. » Un regard taquin prend place sur ton visage, répondant à son air plutôt sarcastique. Tu savais pertinament que les beaux compliments n'allaient pas t'aider à en savoir plus sur la blonde, après tout, les belles paroles n'étaient là que pour poser une atmosphère plutôt sympatique et décontracté. Si tu arrivais à la charmer qu'avec ces dernières, tu n'imaginais pas le nombre de fois alors, que la demoiselle s'était faite piégé par ces hommes accompagnés de leurs violons.
« Il n'y a pas de meilleur endroit après une mauvaise journée. Je ne mettais jamais les pieds avant dans ce genre d'établissement. » Tu hoches la tête pensif. Il était clair que pour certains hommes ce genre d'endroit pouvait facilement balayer d'un revers de main la mauvaise journée passé mais, pour une femme ? Tu aurais certainement plus vu la jeune femme dans un club ou une autre connerie du genre. « C'est quelqu'un qui m'y a fait prendre goût. Il m'appelait Mia ou Mia-Asløg si tu aimes les noms compliqués. » Tu souris, tu pouvais enfin mettre un nom sur son joli minois. « Ton ami à plutôt bon goût si tu veux mon avis. Fais-tu alors que tu portes ton verre légèrement en l'air, trinquant pour l'absent et buvant à son honneur. Mia ? Mia... Fais-tu dans un chuchotement, comme ci tu essayais de chercher dans tes souvenirs une Mia mais, rien n'y faisait, la blonde ne faisait plus partie de tes souvenirs. J'aime beaucoup. » Finis-tu par dire d'un air charmeur.
Il était clair que la jeune femme savait s'y faire avec les hommes, et elle savait user de son regard, et de sa posture. Charmeuse. S'en rendait-elle compte ? « Si tu as une proposition... Mais je suis plutôt difficile à satisfaire. » Tu avais envie de lui répondre que tu pourrais, que tu savais mais, tu pouffas simplement un rire, tu ne voulais pas qu'elle le prenne mal et encore moins qu'elle pense que tu es après son corps. Il est clair qu'elle était jolie mais, tu ne voulais pas encore une fois d'une belle gueule dans tes draps. Encore faut-il qu'elle le soit. « Oh, je retire ce que j'ai dis. Le meilleur endroit, c'est pas les bars. » Elle dépose son regard, et comme un message caché, remplit de sous entendu elle prend son temps pour continuer. « C'est l'océan, le meilleur endroit. » Comme une brise venant caresser ton visage, tu fermes un peu les yeux et penche la tête sur le côté. L'océan. Tu voulais tellement prendre la mer mais, tu n'y arrivais pas, tu ne pouvais pas alors, tu restais au port sur ton voilier. Tu arrives facilemen à t'imaginer en mer, le vent foulant ton visage, la mer se brisant sur ton navire, tellement facilement que tu aurais pu croire que cela était un souvenir. Alors que cela ne faisait que cinq petites secondes que tu avais fermé les yeux tu les réouvres, lui offrant un sourire et un regard plutôt mélancolique. « L'océan, hein ? Si seulement je pouvais déjà naviguer plus loin que le port... Cela t'énervais et pour combler cette frustation, tu déscends une nouvelle fois ce verre qui était bien remplit. Au diable la modération, à défaut de pouvoir t'enivrer ce soir de la jeune femme, tu allais t'enivrer de rhum. Ceux qui essaient de prendre la mer n'y arrivent pas, je peux te dire que j'ai essayé de nombreuses fois, c'est comme-ci quelque chose m'appelait mais, en vain. Souffles-tu alors, que tu attrapes une nouvelle fois cette bouteille. C'était bien là, la première fois que tu avais dit la raison de tes multiples tentatives. A une inconnue mais, en qui bizarrement, tu avais confiance. Tu voulais lui parler plus, même te confier mais, encore une fois, tu ne voulais pas passer pour un fou. Tu n'as jamais eu ce sentiment, comme ci, je sais pas... Tu n'étais pas là où tu devrais être ? » Tu te sers un verre, hochant légérement les épaules pour finalement déposer ton regard sur son verre, sans lui demander tu la resserre. Attendant patiament sa réponse.
« Aucune chaîne, aucun attachement. La liberté de l'homme célibataire en somme. »
C’est tellement lui. Pourquoi s’embêter a aimé quelqu’un lorsque l’on peut aimer les femmes du monde ? Pourquoi aimer quelqu’un qui connaît chacune de tes faiblesses ? Le seul amour que j’ai, c’est l’océan. Il disait tout cela, elle l’avait écouté très curieusement. Assez intrigué par de telles paroles venant d’un être humain. Après tout, ils n’étaient pas des créatures marines alors quel était l’intérêt. Et puis ce regard, cette étincelle dans le regard de celui que l’on nommait Barbe Noire. Elle savait très bien que c’était pour cela qu’après qu’il est coulé le navire du Prince, elle n’avait jamais pu quitter le bateau du pirate des yeux. Elle savait bien que le roi des mers, son père, ne devait pas bien apprécier son comportement, mais elle s’en fichait bien. Découvre le monde, ce n’était pas cela ce que devait faire les sirènes ? Elle écoutait son instinct et sa curiosité. Et ces deux natures en elle lui disaient de le suivre. Il lui ferait découvrir merveilles.
Quand il avait emmené la jeune sirène dans un endroit comme celui-ci, elle avait eu clairement peur. Les hommes, les prostitués, l’odeur et leurs comportements à tous qui étaient étranges encore à ses yeux à cause de l’alcool qu’ils avaient tous imbibé. Il fallait l’avouer à ce moment-là, Ondine ressemblait à une sorte de pauvre petite chose égarée avec des yeux à la fois remplie de curiosité de rencontrer d'autres humains, mais aussi quelque peu apeurée. Elle se souvenait clairement de la réaction de son compagnon de voyage en cette terre inconnue : à moitié caché derrière sa carrure, il lui avait lancé un regard un peu amusé avant d’avancer en sachant très bien qu’elle marcherait presque sur ses propres pas pour être certaine de ne pas tomber dans on ne sait quels abysses se trouvant sous la taverne.
« William… Ca fait très… noble comme nom. »
Pauvre fille. À l’intérieur d’elle, notre blonde est de plus en plus désemparée. Ce sale sentiment qu’il était là et en même temps non. William était son nouveau nom alors ? Dans son fantasme, elle se serait levée pour lui donner une grande gifle et le secouer. Espérant voir un réveil dans le fond de ses yeux. Comme si cela aurait pu suffire à lui faire retrouver sa mémoire. Pauvre fille stupide. C’est elle qui s’enverrait bien des gifles. Il ne restait plus rien à présent dans son verre. Plus une seule goutte de Blackbeard. Plus rien du tout. Le néant.
Son regard cependant reste sur lui. Elle n’arrive toujours pas à le quitter. Et puis elle le voit. Fermer les yeux et imaginer l’océan. Pendant quelques instants elle le voit, sur le pont du Queen’s Anne Revenge. Ce monstre marin qui terrifiait seulement par sa carrure. Ce bateau à lui tout seul dégageait une aura hors du commun, quelque chose d’impérieux et presque diabolique. Et si Barbe Noire connaissait par cœur le dessus et l’intérieur de son navire, c’est bien notre jeune sirène qui en surveillait les dessous avec attention. De la moindre brèche, du moindre caillou. Encore une fois elle l’écoute avec attention. Ces paroles ne peuvent que cependant surprendre la jeune femme. Lui aussi n’arrivait à fuir cet endroit ? À visiter le monde ? Ses yeux se baissent quelques secondes sur son verre vide.
« Je te comprends ; je ne passe jamais une journée sans aller dans la mer. Je tente sans cesse de m’éloigner, encore et encore… Mais c’est comme tu dis. Quelque chose m’empêche, moi aussi, de m’en aller. »
Pourquoi partir maintenant qu’elle l’avait retrouvé ? C’était une sirène. Ne posez donc pas des questions stupides. Comme si cela méritait une réponse argumentée. Ses doigts rapprochent le verre de la bouteille qu’il tient, le laisse la servir allègrement. Pas de demi-mesure avec lui. Jamais. Un léger rire vient alors traverser sa gorge venue de nulle part. Elle s’en saisit et le rapproche de celui de son compagnon en plongeant le regardant avec cet air un peu taquin dans le fond des yeux.
« Sans cesse William. » Elle fait alors trinquer les deux verres, « A l’océan. » et avala d’un seul coup son verre avec lui.
Elle repose alors l’objet sur la table et il comprend immédiatement. Une nouvelle fois ils se servent tous les deux en se souriant. Son Blackbeard était vide, mais quelque chose tiraillait le cœur de la jeune femme. Quelque chose lui disait tout simplement qu’il y avait une chance. Quelque part. Alors, ils boivent ensemble. Ils trinquent ensemble à tout et à rien à la fois, mais ils ne peuvent pas s’empêcher de se regarder. D’observer la dynamique de l’autre. Quand ces shots de rhum lui prennent alors un peu le nez, elle sent ses joues prendre quelques couleurs. Imbécile.
« Hey… Ça te dit d’partir à l’aventure ? Maintenant ? Je suis certaine qu’on trouvera notre bonheur au port. »
Elle était sérieuse. Son sourire agrandit jusqu’aux joues –plutôt rosées d’ailleurs- et son léger trépignement sur le siège à l’idée d’aller se dégourdir les jambes. Maintenant que la journée était passée, qu’elle voyait celui dont elle ne pouvait se séparer et les effets de l’alcool, la barre d’énergie de la tatoueuse crevait presque le plafond.
« Ça fait longtemps que tous les deux on est pas allés chercher l’aventure, pas vrai ? »
« A woman has that power, God given, to leave her marks on you. And it’s far harder to dispose of the marks than the woman who left them. »
◊ Do not allow me to forget you.
Même si elle parlait de liberté, au fond de toi tu savais très bien que ce n'était pas le cas, ta soit disante liberté n'était qu'une belle mascarade. Tes multiples conquêtes et ton envie inexistante de te poser ne valait en aucun la liberté que tu pourrais avoir à quitter cette ville. Comme un lion en cage, Portee te faisait tourner en rond. Te rendant par la même occasion, inoffensif et docile. La vie que tu mennais se trouvait être respectable, tu avais un travail, tu extirpais peut-être plus que tu ne le devais, lors de tes constructions mais, dans chaque produits terminés, la sueur de ton front y était présente. Loin était le temps où tu donnais simplement des ordres et regardait d'un oeil sévère. Encore une fois, incompréhensible était le sentiment que tu avais en toi. Avec la demoiselle à tes côtés, ce sentiment n'était que bien trop présent. Comme si quelqu'un te criait de te réveiller, d'ouvrir les yeux, de comprendre. En vain. Un ignorant face à la vérité livrée sur un plateau d'argent. Un aveugle doté de ses yeux.
Il en va de soi que plus tu accumulais tes verres, plus ton taux d'alcoolémie montait en flèche. Même si tu avais une bonne tolérance, tu n'étais qu'un humain, et cet arrière goût te rendant un poil nostalgique ne s'amplifiait que bien trop au vu de la discution présente. « Je te comprends ; je ne passe jamais une journée sans aller dans la mer. Je tente sans cesse de m'éloigner, encore et encore… Mais c'est comme tu dis. Quelque chose m'empêche, moi aussi, de m'en aller. » Alors, elle aussi souhaitait partir ? Elle aussi aimait la mer ? Bon dieu, d'où venait cette femme ? Dans ton ignorance complète, tu te mis à sourire lorsque tu t'imaginais avec la jeune femme formant un couple. Elle avait bien trop de qualités que tu cherchais chez une femme. « Sans cesse William. Ton prénom résonnait comme une mélodie quand elle le prononçait. Cela ne te dérangerais pas du tout de l'entendre le répéter encore et encore, une musique pour tes oreilles bien trop habituées aux rires et aux cris des bars que tu côtoies. A l'océan. » Finis-elle par dire alors que vous levez tous deux vos verres pour le boire dans la seconde qui suit. L'impression de déjà vu refaisait une nouvelle fois surface. Quand bien même, tu avais aussi ce sentiment que tu partageais ton temps et ton rhum avec un ancien ami, perdu de longue vu.
Plus le temps passe, plus vous buvez et vous échangez des regards, certains taquins, d'autres curieux. Tu découvrais la jeune femme, tu appréciais sa compagnie plus que tu ne le pensais. Pourtant, alors, que tu remplissais vos verres une nouvelle fois, la demoiselle se mit à parler. « Hey… Ça te dit d'partir à l'aventure ? Maintenant ? Je suis certaine qu'on trouvera notre bonheur au port » Une sensation que tu ne connaissais que très bien fait une nouvelle fois surface. Une envie que tu ne pouvais éteindre. Une soif ne pouvant être assouvie. Elle avait toujours été présente mais, la jeune femme venait de la faire revivre de ses cendres. Tu souris, bien trop heureux de la proposition. Un doux sentiment prend place en toi, tu ne savais pas trop lui donner un nom d'ailleurs. Serait-ce de l'excitement ? De l'impatience ? Peut-être les deux ? « Ça fait longtemps que tous les deux on est pas allés chercher l'aventure, pas vrai ? » Tu la regardes, intrigué par sa dernière phrase mais, ce regard n'est balayé que trop vite alors que tu te lèves, impatient de partir déjà. Tu lui tends ta main droite, même si tu n'étais pas un gentleman, avec elle ce n'était pas la même chose. « M'lady ? Tu prends de ta main gauche la bouteille à moitié pleine et tu te mets à rire, pour une raison inconnue d'ailleurs. C'est avec plaisir que j'accepte votre proposition. Malheureusement alors, que tu lances un bref regard vers le serveur, ou du moins, ton meilleur ami, tu te souviens que tout n'était pas gratuits et certainement pas la bouteille. Ta main placée dans celle de la blonde, tu t'approches d'elle, occupant maintenant son espace personnel, tu approches tes lèvres vers son oreille droite et d'un ton plutôt amusé avec une pointe de charme, tu viens chuchoté ces quelques mots : Courir pour ne pas payer, t'en dit quoi ? » Reprenant ta place initiale, tu lui fais un clin d'oeil, attendant patiemment sa réponse. Comme un feu vert. Une nouvelle aventure s'offrait à toi. « A moins que ce genre de petit crime ne soit trop te demander... Mia. » Appuyant ta phrase sur son prénom, un regard de défi sur ton visage, comme si tu voulais qu'elle te prouve qu'elle était faite pour toi.
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