curiosity killed the cat •• (MORI)

« Oh, vraiment ? » fit-il d'une voix au timbre grinçant d'amusement. La jeune femme sursauta, leurs deux regards se fixant, et elle finit par détourner les yeux, comme intimidé par les prunelles fixes de Mori. Il eut un rire de gorge et s'enfonça plus confortablement dans le fauteuil où il était installé. Une maquilleuse voletait autour de lui, offrant à ses pommettes la fraîcheur d'un maquillage léger. « Question suivante » entonna t-il d'une voix chantante. Même Isobel, sa maquilleuse personnelle, eut un léger frisson. Quand Moriarty prenait cette voix-là, il était difficile de lui résister, et elle eut une pointe de compassion pour la journaliste. Cependant, la jeune femme inspira et sembla prendre son courage à deux mains pour poser les interrogations qui allaient suivre. Serrant dans ses mains son journal aux pages vierges, elle toussota. « Pourquoi rester dans cette ville ? Vous pourriez vous offrir le monde. Mais vous restez ici. Par devoir ? Par besoin ? » Mori fit un geste de la main, entre agacement et surprise, et Isobel s'éloigna de quelques pas pour permettre à l'acteur de dominer la jeune journaliste, alors qu'il se penchait vers elle. Il sourit, et ses dents blanches semblèrent plus pointues, l'espace d'un instant, comme le sourire d'un lion. « Question intéressante. » C'était rare qu'il fasse un tel compliment, et la journaliste hocha la tête, comme pour l'encourager à continuer, à révéler à son magasine quelle était la raison pour laquelle il se terrait dans une petite ville comme Portree. « Question suivante » répéta t-il, avec un air malicieux. « Si vous ne révélez rien sur vous, vous risquez d'être victime de rumeurs. On a déjà dit beaucoup de choses sur vous. Il paraîtrait que vous restez ici, parce que vous ne pouvez pas en partir : une femme, des enfants. On vous prête des liaisons avec toutes les célébrités ... Votre silence encourage ces racontars, Monsieur Sun ! » Il éclata soudain de rire, l'air d'un enfant à qui l'on offre des bonbons. « C'est quand on ne parle plus d'un homme qu'il cesse d'exister » déclara t-il d'un ton sans réplique. « Tant qu'ils parlent de moi, tout va bien. Maintenant partez. Sortez. Toutes les deux » gronda t-il à l'intention des deux femmes qui obtempérèrent, ne souhaitant pour rien au monde être prises dans la colère de Moriarty.

Seul dans la petite salle du studio, sa loge personnelle lui semblait étouffante. Il se redressa, et dans un excès de colère, renversa les produits de maquillage. Il leva la tête, et l'espace d'un battement de coeur, le miroir gigantesque lui renvoya une image déformée. Un paysage, des tasses de thé, des visages flous, et là où il aurait dû être, un chat. Un chat qui l'observait et qui souriait de toutes ses dents, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que ce sourire, transformé en un quartier de lune acéré. Mori se rassit, les bras ballants, et passa la main dans ses cheveux, exténué par la rage qui avait enflé jusqu'à exploser. D'où lui venaient toutes ces illusions ? Il s'en souvenait. Mais c'était ridicule. Il secoua encore la tête, et se pencha pour vérifier que le maquillage n'avait pas coulé. Son regard sombre lui renvoya l'image d'un beau jeune homme. Aux yeux si sombres qu'ils semblaient vert, bleu, fendus par une pupille amusée.

le chat de cheshire j'ai adoré la fiche de moriarty il est vraiment intéressant et puis ça convient tellement bien au chat

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