looks like a cinnamon roll, is actually a cinnamon roll. ☆ (esteban) FINI

C'était un miracle. Elle avait fait une nuit complète sans se réveiller. Enfin, la définition de nuit complète pour Blythe n'était sans doute pas la même qu'une personne normale. Elle a dû dormir quatre, voir cinq petites heures sans interruption. Un énorme progrès. Cela aurait été encore plus beau si elle ne s'était pas réveillée dans un sursaut et en poussant un cri. Elle avait fait un cauchemar. Un de plus. Mais cette fois-ci, elle ne s'en souvenait pas. La brune n'avait que cette sensation de terreur. Pas d'images traumatisantes qui s'incrustent un peu plus dans l'esprit de la jeune femme. Elle n'était pas fatiguée à cause du manque de sommeil. Non, ce qui l'épuisait, c'était son réveil. Prendre le temps de se calmer. Prendre le temps de se dire que ce n'était pas réel, que c'était le malheureux fruit de son imagination. Et c'est long et plus que fastidieux d'enlever ces images de son esprit. Mais là, elle n'avait pas à les chasser. La brune n'avait qu'à reprendre calmement sa respiration. Elle s'était allongée, fixant le plafond, durant quelques instants. C'était un cauchemar. Rien n'est réel. Elle était en sécurité. Blythe se concentrait sur sa respiration. Et elle devenait plus calme. Elle se sentait bien. Du moins, jusqu'à ce que son regard se pose sur son réveil. Et la panique était de retour. Cette fois-ci bien différente que celle dû à son cauchemar. Elle s'était réveillée en retard. Beaucoup trop en retard. Elle devait encore prendre son petit déjeuner et se préparer pour se rendre au salon de thé. Encore, elle pouvait faire l'impasse sur son petit déjeuner. Esteban lui a sans doute préparé quelques merveilles. Elle l'espérait du moins. Et si ce n'était pas le cas, alors elle pourra piquer dans ceux qui sont normalement destinés aux clients. Cela ne se verra pas. Il fallait donc juste qu'elle se dépêche de se préparer. Alors qu'elle se dirigeait vers la salle de bain, quelque chose attira son attention. Des paquets posés sur la table du salon. Des paquets avec un mot. Peut-être que ce n'était pas pour elle. Mais la curiosité était un défaut bien trop prononcé chez la jeune femme. Il y avait deux étiquettes. Blythe. Esteban. Un paquet pour chacun. S'il y avait son prénom, c'était qu'il lui était destiné. Alors doucement, elle ouvrit son paquet. Et quasiment immédiatement, elle eu une légère grimace. Du rose. Pas vraiment sa couleur préférée. Loin de là même. Elle sortie très lentement la tenue, la regardant durant de longues secondes. Un nouvel uniforme ? Et elle se rappela les dires de Levi. Une tenue spéciale pour une semaine spéciale. Mais elle pensait que c'était une blague. Apparemment non. Après avoir admiré, sa magnifique et nouvelle tenue, elle s'était dépêchée de se préparer.

Après avoir terminé de se préparer, elle s'était dirigée vers le salon de thé. Quelques regards étranges étaient dirigées vers la jeune femme. En même temps, il n'était pas vraiment ordinaire de voir une jeune femme habillée d'une tenue étrange. Une sorte de tenue de domestique, mais en plus court. Rose en plus de ça. Ce n'était pas très commun comme situation. Mais elle s'en fichait. Elle continuait son chemin sans faire attention à ce qui se passait autour d'elle. Lorsqu'elle passa la porte du salon, elle se dirigea rapidement vers la cuisine, ouvrant rapidement la porte, attirée par l'odeur qui s'y dégagea. « Esteban ! » Bien trop rapidement, elle entoura de ses bras le corps frêle du jeune pâtissier. « Ça va ? Ça sent bon ! Tu prépares quoi ? Je pourrais goûter. Dis oui. S'il te plaît. S'il te plaît. » Un large sourire s'était dessiné sur le visage de la jeune femme. Il était difficile de penser qu'elle s'était réveillée à peine une heure auparavant. Mais l'appel du sucre était bien plus important que tout le reste. Elle s'était doucement reculée, lui tendant le paquet. « Ah ! Au fait, c'est pour toi ! Cadeau ! Enfin. Il est pas de moi. Levi l'a oublié à l'appartement. Mais cadeau quand même ! » Et le sourire illuminait encore son visage.

Dessins, recettes, repos. Enfin, par repos, il entend plutôt crise de narcolepsie, ses jambes d’enfant l’abandonnant, ne soulevant plus son poids pourtant léger, ne tenant plus le reste de son corps, le sentiment d’être paralysé l’habite pratiquement à chaque instant, parce que c’est comme ça pour Esteban, ses yeux se ferment, son corps ne bouge plus, et il dort, parfois pour quinze minutes et parfois pour deux heures. Esteban il essaie de ne pas avoir de fou rire, de ne pas ressentir d’émotions trop forte sinon il sait que la cataplexie va empirer, il sait qu’il risque de s’écrouler, de lâcher ce qu’il a dans les mains, d’avoir la tête qui tombe en avant. Il prend ses médicaments, quotidiennement, ces médicaments qui le tue petit à petit, qui lui donne la migraine mais qui l’empêche de s’endormir ou que son corps le lâche inopinément. Esteban la nuit, il n’arrive pas à dormir, son cerveau refuse, il ne connaît pas la différence entre nuit et jour, et quand la maladie le mange, il ne dort que peu. Pas une insomnie, juste un souci de plus lier à sa maladie. C’est ironique quand même non ?  Sa petite sœur, abattue froidement par la leucémie, cancer du sang, son meilleur ami, touché par un incurable cancer du poumon. C’est ainsi que va sa vie, la mort passe, les vies trépassées et son regard s’assombrit. Travailler dans ce salon de thé lui remonte le moral, le visage souriant de Blythe conforte son cœur noirci par le doute, et ses lèvres s’autorisent à glisser des mots affectueux à l’encontre de la serveuse. Il n’arriverait certainement pas à décrire sa relation avec la brune, une relation petit frère et grande sœur, cousin et cousine, amis. Il ne sait pas, ce n’est pas plus mal, il s’en fiche après tout, tant que ce rayon de soleil se met à briller, tant que lui ne s’évanouir pas devant ses gâteaux. Esteban, tous les matins, il arrive tôt, prépare quelque chose pour Blythe et s’en va fabriquer les gâteaux du jour en plus de nombreuses pâtisseries trônant fièrement dans les vitrines à l’accueil. Ces odeurs, cette ambiance, ça fait comme un baume autour de son âme, il se calme, il sourit, il s’accorde un relâchement pendant ses pauses et s’autorise à dormir, parce qu’il est comme ça, un vrai loir. Antidépresseur, vitamines et tous ces médicaments avec un nom s’apparentant plus à du chinois qu’à du latin, ça le rend malade, mais il n’a pas le choix, sauf les soirs où on l’appelle, une drogue dans du thé, et c’est partie pour la soirée, la belle au bois dormant se laisse frôler, admirée et décryptée, la beauté refuse quitter ses traits. Les gâteaux au four, de la mousse au chocolat dans un saladier qu’il remue, il se sent un peu mieux, peut-être libéré, oubli soudain de la perte subite de ses proches, de ce qu’il a fait durant sa souffrance impatiente. Et une tornade brune. Son prénom crié comme chaque matin quand il préparait les gâteaux pour les clients. Blythe qui veut toujours tout gouter, Blythe avec le chocolat sur le coin des lèvres, Blythe et son sourire innocent et son air naïf, Blythe et son enthousiasme légendaire, Blythe qui vient de sauter sur lui comme un chaton. « Du calme. » Il sourit, il rit, doucement, le matin c’est un peu dur de réagir, même pour lui. Puis, un paquet dans ses mains. Une cuillère de mousse au chocolat dans la bouche de la brune et Esteban qui détaille ses vêtements… « Blythe… Pourquoi tu es habillée en soubrette ? » Une mine déconfite sur son visage d’enfant, pourquoi elle porte ça ? Puis soudain, l’illumination, le paquet, tu l’ouvres ouvrant une robe, rose pâle, une tenue de ‘maid’ . « Blythe, dis-moi que c’est une blague ? Je ne porterais pas ça ! » Heureusement qu’il n’y a pas de chaussures à talons avec, sinon son teint aurait encore plus pâli, c’est une mauvaise option de porter ça, surtout qu’il reste toujours cloîtré dans la cuisine. « Pas moyen… Dis-moi que je ne suis pas obligé s’il te plaît… » Il supplie, espérant que ça change quelque chose, mais non, il le sait, il sera obligé de porter cette chose qu’il le veuille ou non. « Pourquoi rose mon Dieu… » Désespoir, ouais.

Une vraie tornade brune. C'est ce que la serveuse était à chaque fois qu'elle mettait les pieds dans cette cuisine. A chaque fois qu'elle sentait cette délicieuse odeur de gâteau. Elle avait toujours un sourire aux lèvres. Toujours cette bonne humeur qui dégageait de Blythe. Et bordel, dès fois c'était plus qu'énervant. Et elle s'en fichait. Elle continuait à avoir ce comportement d'enfant. Douce et naïve. Elle n'allait pas s'arrêter. Surtout lorsqu'elle est présence de gâteaux. Et surtout du pâtissier. Alors oui, dès qu'elle avait franchi les portes de la caverne au mille et une merveilles, elle n'avait pas pu s'empêcher de sauter littéralement sur Esteban. C'était plus fort qu'elle. Autre chose qu'elle ne pouvait ne pas faire, c'était de commencer la journée en lui posant des tonnes des questions. Surtout des questions sur les pâtisseries qu'il était en train de réaliser, voir quelles petites merveilles allaient bien pouvoir terminer dans son estomac à la fin de la journée. « Du calme. » Un rire s'était échappé de la bouche d'Esteban. Doux et cristallin. Elle s'était légèrement reculée, lui laissant la chance de respirer. Du calme. Oui, il fallait qu'elle se calme. Ou du moins qu'elle essaye. Il fallait qu'elle essaye de ne pas arriver tel un tornade. Ce n'était pas bon pour le rouquin. Trop d'émotion. Une crise qui pouvait arriver. Et elle ne saurait pas comment gérer ça. Ce n'était pas la première fois qu'on lui disait ça. Mais même en essayant, elle n'était pas certaines de pouvoir se calmer. C'était dans sa nature. C'était plus fort qu'elle. Et les yeux de Blythe se mirent soudainement à briller. Une cuillère de mousse en chocolat. C'est ce que tenait Esteban dans sa main. Les yeux brillant et un large sourire. Voilà ce qui se trouvant sur le visage de la jeune femme. Et rapidement, elle ouvrit grand la bouche. Cette mousse au chocolat était délicieuse. Mais venant d'Esteban, ce n'était pas étonnant. « Blythe… Pourquoi tu es habillée en soubrette ? » Et le sourire de la brune s'était envolé, laissant place à une petite moue. Elle ne comprenait pas pourquoi il lui avait dit ça. Pourquoi cela sonnait comme un reproche. Alors, elle regarda rapidement sa tenue, se demandant ce qui n'allait pas. « Bah …. C'est l'uniforme. Enfin, le nouvel uniforme. Pour la Saint-Valentin. Enfin … Je crois. » répondit-elle d'une voix tellement douce, qu'on pouvait sentir la naïveté qui était en elle. Oui, c'est ça. De la naïveté. Pour elle, si son uniforme était passée de bleu à rose et avait subi quelques modifications, c'était juste pour cet événement. Elle ne comprenait pas. Son cerveau d'enfant refusait simplement de comprendre. Et elle lui avait tendu ce paquet où le prénom d'Esteban était inscrit dessus. Et ils découvraient ensemble ce qu'il y avait à l'intérieur. La même tenue que la serveuse. Sur le moment, elle arqua légèrement un sourcil, se demandant s'il n'y avait pas eu d'erreur. Mais non, cela devait être bien pour lui. « Blythe, dis-moi que c’est une blague ? Je ne porterais pas ça ! » Elle haussa légèrement les épaules, légèrement perdu. Esteban avait l'air de paniqué. Blythe ne comprenait pas pourquoi. « Pas moyen… Dis-moi que je ne suis pas obligé s’il te plaît… » Cela sonnait comme une supplication dans la bouche du pâtissier. A croire qu'il ne voulait pas porter cette nouvelle tenue. « Bah si Levi en a pris une pour toi aussi, c'est que tu dois le faire … » dit-elle un peu trop sérieusement, toujours avec cette pointe de naïveté. « Mais je suis sûre que tu seras adorable dedans ! » De toute façon, il est toujours adorable. C'est ce que Blythe avait envie de rajouter, mais ces paroles n'avaient pas franchi le seuil de ses lèvres. « Pourquoi rose mon Dieu… » « Rouge ça aurait été mieux, c'est sûr. » souffla-t-elle légèrement. Une remarque qui était sortie toute seule de la bouche de Blythe. Pourquoi rouge ça aurait été mieux ? Elle n'en avait aucune idée. Elle se sentait juste attirée par cette couleur.

Un calme légendaire était toujours dans cette cuisine aux couleurs pâles, sauf quand Alice s’y promenait. Alice ? Blythe plutôt. Oui, Blythe était la tempête de ces lieux, celle qui donnait la vie à ces murs, celle qui inspirait parfois les pâtisseries du jeune homme, comme cette mousse au chocolat à laquelle il rajoutera sans doute des morceaux de framboises confites, ou de l’orange, ou peu importe. Esteban était heureux, plus heureux qu’il ne l’avait jamais été, cette journée s’annonçait pourtant mal, en premier lieux à cause de la tenue beaucoup trop excentrique de la jeune serveuse, qui était, malgré tout, plus âgée que lui de quelques années. Les tenues de ce genre, il les trouvait trop outrageantes pour être portée dans un climat autre que celui d’une chambre et pourtant il devait se tourner vers cette tenue, là, maintenant ? Il n’était pas une femme, il n’était pas Blythe qui avait l’air adorable même dans ce genre de vêtement, il était un homme, pas vraiment grand, mais sans formes, sans rien. Puis, le visage de la petite brune s’était rembruni, d’un réflexe, les mains du pâtissier s’étaient approchées de ses joues, les frôlant doucement. « Ne boude pas Blythe. Cette tenue n’est normalement pas faite pour le travail, c’est pour… Une sphère plus intime ? C’est censé attirer les hommes plus qu’autre chose. » Il attrape la cuillère de la bouche de la jeune fille et d’un mouvement la pose sur le comptoir derrière lui. « Tu comprends ? » Il ne le répétera pas, Blythe sait que le roux est une personne qui déteste répéter plusieurs fois les choses, enfin, elle est censée le savoir. Puis les supplications et la panique dans la voix du plus jeune des deux, le refus de porter cette chose, d’être travesti alors que c’est déjà dur de se faire draguer dans la rue par des gars pensants qu’il est une fille. Oui, le patron lui avait fait confectionner une robe, une robe juste pour lui, mais c’était quand même gênant, beaucoup trop, et les demandes fusaient encore de la bouche du plus jeune, jusqu’au moment où la remarque de la jeune fille ressortit son inconscient. « Rouge ? » Un murmure tandis que ses yeux ses voiles, pourquoi pas du rouge, oui, comme les roses rouges. « Je ne serai pas adorable, j’aurais l’air stupide… » Et il se mord la lèvre dans un élan d’angoisse, puis, il ne sortira pas de la cuisine n’est-ce pas ? « Je le fais, seulement si tu m’embrasses. » Il sourit, doucement, sa main sur la joue de la plus petite et un air stupide au quoi des lèvres. « Je risque quand même d’avoir l’air stupide. » Il souffle, ça risque d’être une longue journée.

Le tenue que portait la brune semblait gêné Esteban. Elle ne comprenait pas. Sans doute à cause de son esprit d'enfant qui ne voyait pas encore la signification de ce vêtement. Elle ne comprenait pas pourquoi certaines personnes semblaient être choqués et d'autres avaient un air différent. Un air de prédateur. Bythe, elle était loin de s'imaginer ça. Ce n'était que son uniforme et rien d'autre. « Ne boude pas Blythe. Cette tenue n’est normalement pas faite pour le travail, c’est pour… Une sphère plus intime ? C’est censé attirer les hommes plus qu’autre chose. » Elle fronça légèrement les sourcils. Blythe essaya de comprendre les explications d'Esteban. Elle essaya de toute ses forces de comprendre. Mais l'attention de la jeune femme était portée sur autre autre chose. La cuillère qu'elle avait dans la bouche. Cette cuillère qu'elle ne voulait pas enlever de sa bouche. Et pourtant, Esteban avait réussi. Alors, la brune suivi du regard cette cuillère. « Tu comprends ? » Et rapidement, elle regarda le jeune homme, tentant de se rappeler sur quoi, ils étaient en train de parler. Ah oui. La tenue. Elle hocha la tête lentement. « Je comprends. » Enfin, non. Mais elle n'allait pas lui dire. « Mais, elle est quand même mignonne la tenue. » Irrécupérable. Blythe était irrécupérable. La tenue était quand même mignonne. Trop rose. Beaucoup trop même. Couleur qui était loin d'être la couleur favorite de la jeune serveuse. Il aurait fallu une autre couleur. « Rouge ? » Elle acquiesça rapidement la tête. « C'est joli le rouge. » dit-elle avec un léger sourire. Rouge, comme cette robe qu'elle se voyait porter dans ses rêves. Rouge, comme le sang. « Et c'est aussi la couleur de l'amour. Pour la Saint-Valentin, c'est dans le thème. » Son sourire s'était agrandi. « Je ne serai pas adorable, j’aurais l’air stupide… » Elle secoua la tête. Non, il ne sera pas stupide. Esteban n'avait jamais l'air stupide. « Je le fais, seulement si tu m’embrasses. » Une demande innocente de la part du roux, alors qu'il avait posé sur la joue de la brune Et un sourire différent était apparu sur son visage. Un sourire en coin. Elle s'était lentement approché du pâtissier, tout en gardant ce sourire. Les doigts de la jeune femme s'était accrochés au haut d'Esteban, s'y agrippant pour pouvoir se mettre sur la pointe des pieds. Il était grand. Trop grand. Le visage de la jeune femme s'était rapproché de celui d'Esteban. Lentement. Très lentement. Oui, elle faisait exprès de faire durer ce moment. Et les lèvres Blythe étaient enfin en contact avec la peau du jeune homme. Il ne lui avait pas dit où le baiser devait avoir lieu. Alors, elle se jouait de lui. Le baiser qu'elle lui avait donné était aux coins des lèvres du pâtissiers. « C'est bon comme ça ? » demanda-t-elle en se reculant légèrement et avec un grand sourire. « Je risque quand même d’avoir l’air stupide. » Elle secoua la tête, pris les d'Esteban et le serra doucement. « Tu auras l'air adorablement stupide. Mais surtout adorable. Alors maintenant va mettre cette tenue. » Et le sourire de Blythe illuminait son visage. Elle était comme ça la brune, lorsqu'elle voulait quelque chose, elle faisait tout pour l'obtenir, alors il était hors de question qu'elle lâche l'affaire avec Esteban.

Esteban, un prénom aussi simple que celui-là évoque tant de choses. Esteban comme le petit garçon du dessin animé, Esteban commence l’enfant qui a perdu sa sœur et son meilleur ami dans un laps de temps court, trop court. Parfois il se demande si faire deux deuils n’est pas plus dur qu’en faire un seul seulement, parce qu’il faut ranger les souvenirs dans des boîtes en carton et les rangers loin de tout, les jeter à la poubelle, les mots ne réparent pas les cœurs après tout, l’espoir non plus, l’espoir il l’abandonne dans les gâteaux qu’il fait à chaque fois qu’il le peut, quand il laisse les larmes glissées sur sa joue pleine de tache de rousseur, son visage rougissant et devenant un peu plus humain encore, un peu plus faible. Créature sans cœur avec une couche de glace, il l’est, souvent, toujours une attitude froide envers les gens, même avec Blythe, il ne se relâche pas, ils ne savent pas que son cœur est écrasé par un poids trop lourd pour ses frêles épaules. Ils ne savent pas, que peu importe que la vie brise, que la jeunesse s’éteint, mais que le deuil s’enterre dans l’âme comme une mine qui se déclenche sous nos pieds, l’angoisse qui arrive qu’une autre personne nous quitte est une douleur terrible et Esteban le sait, ça arrivera, parce que c’est comme ça, qu’il est sans défense, que sa coquille de verre se brise de plus en plus et que des éclats ses plantes encore dans son cœur d’enfant, trop pur, il menace de s’effondrer à chaque fois qu’il fait un pas, est-ce qu’il serait encore capable de vivre avec un cœur en morceaux, son corps est déjà en morceaux, son âme sera attaquée bientôt par des piranhas. C’est comme ça, ça sera comme ça, une enfance heureuse, puis le début de quelque chose de plus grand que soi, soit la peine, soit la joie. Il aimerait, un jour, voire quelqu’un de vraiment heureux, quelqu’un qui n’a jamais eu de problèmes et qui est pleinement heureux et épanoui. C’est un rêve, il sait, il sait beaucoup de choses mais passe pour l’ingénu de services, comme Blythe. Un baiser au coin des lèvres et il sait qu’il a perdu la chance de se taire, il soupir, il aimerait s’enfoncer dans un de ces cupcakes et s’étouffer avec le caramel au-dessus. « Je ne suis pas adorable ! » Qu’il ronchonne en allant se changer dans la salle des employés, du rose, trop de roses, des chaussettes hautes et blanches, un jupon, plusieurs, trop grand, trop rose, trop de frous-frous. Il sait que Blythe l’attend, alors il s’avance, passant sa main dans ses cheveux. « J’ai quand même envie de mettre une veste en jean au-dessus… » Un truc un peu plus masculin, ouais, il une fierté d’homme lui aussi, il ne faut pas croire. « J’ai l’air idiot. » Il fronce les sourcils cherchant à ajuster sa robe, la mettre plus basse, cacher ses genoux, les morceaux de peau pâle dévoilée par la petitesse de cette robe idiote. « Je vais me venger, tu le sais ça ? » Il grogne, nonchalamment, Esteban est nerveux, un peu trop, pas question qu’on le voit avec cette chose. « Blythe, si tu en parles à quelqu’un, je te prive de cookies pendant un mois, sérieusement. » La menace la plus horrible du monde aux yeux de la brune, il en est certain.

C'était simple. Si la brune lui donnait un baiser, alors il mettrait la tenue. Une sorte de défi. Ce n'était rien un baiser après tout. Alors, elle l'avait fait. D'accord, ce n'était pas un vrai baiser. Pas comme celui qu'il avait sans doute imaginé. Les lèvres de la brune s'étaient retrouvées aux coins des lèvres d'Esteban. C'est donc avec un sourire malicieux qu'elle l'avait regardé ensuite. Il était pris au piège. Maintenant, le pâtissier devait absolument mettre la tenue qui se trouvait dans le paquet. Et vu l'expression de son visage, il savait qu'il ne pouvait pas faire demi tour, qu'il était obligé de tenir parole. « Je ne suis pas adorable ! » Et le sourire de la brune s'était agrandi. Elle se retenait même de sautiller sur place, mais on pouvait très clairement voir dans son comportement que le jeune pâtissier cède. « Tu es adorablement adorable Esteban ! Ne le nie pas. » lui cria-t-elle lorsqu'il était partie se changer dans une pièce à part. En attendant, elle s'était assise sur le rebord d'un meuble. A ses côtés, il y avait un plat. Des gâteaux. Tout frais. De longues secondes, elle s'est mise à le regarder. La serveuse ne devait pas les manger. Elle ne devait pas. Ce n'était pas pour elle, mais pour les clients. Sauf que l'estomac de la jeune femme était d'avis contraire. Oui, son estomac était en train de lui dire le contraire, de lui rappeler qu'elle n'avait pas pu manger. Elle avait faim et ses pâtisseries étaient bien là pour ne plus avoir faim, non ? De longues secondes, de longues minutes de débat intérieur, Blythe a craqué. Cette part de tarte au citron meringué l'appelait. Elle l'entendait. Elle l'avait pris et croqué une bouchée. C'est à ce moment-là qu'Esteban était revenu. La jeune femme le regardait, émerveillée, avec un grand sourire. Il était mal à l'aise avec cette tenue. Mais il avait fait l'effort et c'était déjà pas mal. Elle posa sa part de tarte avant de marcher en direction d'Esteban. « J’ai quand même envie de mettre une veste en jean au-dessus… » Elle eu une petite moue. « Tu pourrais mettre un jean quand j'aurais terminé mon service. » dit-elle avec un petit rire. En fait, elle aurait pu très bien lui dire que maintenant qu'elle l'avait vu dans, il pouvait l'enlever. Mais elle voulait s'amuser un peu d'abord.« J’ai l’air idiot. » Elle secoua légèrement la tête avant de le regarder avec un léger sourire. « Mais non t'as l'air adorable ! » Et son sourire s'était agrandi, illuminant complètement le visage de la brune. « Il manque plus qu'une couronne de fleur et tu serais plus qu'adorable là. » dit-elle avec un petit rire, alors qu'elle s'était mise sur la pointe des pieds pour pouvoir s'amuser avec la chevelure rousse d'Esteban. Et elle s'était approchée de lui. Doucement. Très doucement. Avant de poser tendrement ses lèvres sur celle du pâtissier. Il avait fait un effort et comme il lui avait demandé un baiser contre le fait de porter cette tenue. Et c'était récompense. La brune s'était reculée, grand sourire sur son visage. « Tes lèvres sont aussi sucrés que les gâteaux. C'est drôle. » dit-elle avec un petit rire. Sa remarque était naïve, mais elle le pensait. Les lèvres d'Esteban était légèrement sucré. Ou alors peut-être était-ce à cause de la meringue qu'elle avait mangé quelques instants plus tôt. « Je vais me venger, tu le sais ça ? » Son sourire avait légèrement disparu et avait été remplacé par une moue déçu. « Tu pourras pas te venger. Je suis trop adorable pour ça. » Un sourire en coin s'était affiché sur le doux visage de la serveuse. « Blythe, si tu en parles à quelqu’un, je te prive de cookies pendant un mois, sérieusement. » Une expression plus sérieuse était à présent affiché sur le visage de Blythe. La menance ultime pour la brune accro au sucre. « Pas … de …. Cookies. » Sa voix était légèrement tremblante. Comme si elle était sur le point de pleurer. Réaction sans doute extrême. « Tu es un monstre ! »fit-elle avec une petite moue. « Je dirais rien à personnes. Promis. » souffla-t-elle.

Un défi, Esteban n’aime pas ça, c’est le genre de choses qu’il ne fait jamais, le genre de choses qu’il évite, et puis de toute façon à chaque fois il perd. Sauf aujourd’hui, aujourd’hui c’est le jour où se donner un défi et en donner un à Blythe semble amusant. Blythe, Blythe trop innocente qui l’embrasse bien volontiers, et le petit Esteban n’est pas troublé, ce baiser n’est même pas sur les lèvres, mais il n’a pas dit l’endroit où ça devait être, il est déjà chanceux d’avoir eu un bisou au coin des lèvres, enfin, il croit. Est-il vraiment chanceux d’avoir embrassé la brunette ? Sans doute, elle est pure cette gamine, trop pure pour lui, lui, il est encore souillé de son passé triste et morcelé. Elle lui dit qu’il est adorable quand il va se changer et encore une fois il grimace. Qu’est-ce qui ne va pas dans le terme « adorable » déjà ? Ah, le fait qu’il ne soit plus vraiment un enfant. Enfin. Si. Mais voilà. Mais il ne se considère pas comme adorable il ne l’a jamais vraiment été, alors il fait taire son grognement et s’habille, le froufrou qui lui gratte la peau, le tissu un peu trop lourd. Il a l’habitude des chemises légères et de son tablier blanc, il a l’habitude de son jean foncé et de ses cheveux attachés vers l’arrière, il a l’habitude de ses lunettes sur son nez quand il se met à écrire une nouvelle recette.
Esteban, il a l’habitude de beaucoup de choses et il est têtu. « Jure que j’aurais un jean et une chemise ? » Parce qu’il la connaît la brune, prête à tout, plus têtue que lui, s’il n’avait pas proposé ce pari ils seraient sans doute entrain de se crêper le chignon parce que c’est obligatoire, mais comment être méchant avec Blythe ? C’est humainement impossible. La mention d’une couronne de fleurs fait se tendre Esteban, son regard choqué se tourne vers Blythe, essayant de la sondée pour voir si elle dit la vérité, parce que ça fait quand même un peu limiter, Esteban le fougueux est revenu au galop. « N’essaie même pas de m’en faire une. » Il ne menace même pas, il a un sourire en coin près des lèvres, enfin, il n’a rien à perdre. Puis, un baiser. Il n’avait pas vu ça venir, un baiser doux, une simple pression, comme un petit rien du tout qui fait tout. « Un dé à coudre. » Qu’il murmure pour lui-même. Peter Pan a bercé ses jeunes années. Quand elle se recule réellement, le jeune reprend pied, il a un peu perdu la notion du temps, mais quelque chose manque, il ne sait pas quoi, mais ça manque. Son sourire s’agrandit et ses joues rosissent quand la jeune femme lui annonce qu’il a les lèvres sucrées, c’est à cause de la dose de sucre qu’il met dans son thé sans doute. Elle souffle, elle semble vouloir jurer, elle lui dit qu’il est un monstre, mais il ne risquera pour rien au monde de tuer le reste de virilité qu’il a, s’il en a. « Va en salle petit monstre. » Qu’il murmure alors qu’il la pousse hors de la cuisine. C’est une autre journée trop remplie qui s’annonce.