It's not how much time you have, it's how you use it.

Elle n'était qu'une simple fée au pays imaginaire, parmi tous les habitants paraissant aussi fades les uns que les autres. Bien que frêle et faible physiquement, elle avait tout à son avantage sa rapidité et sa vivacité d'esprit. Cela lui permettait très souvent de se sortir de situations compliquées d'où elle devait s'éclipser. La plupart du temps, elle était en compagnie des enfants perdus et de Peter Pan, ceux-ci était une source de distraction fortement intéressante pour un être féerique telle que la Fée Clochette. Effectivement celle-ci était très intriguée depuis sa venue dans ce groupe par la raison de la présence de chacun d'entre eux. Néanmoins sa pensée était principalement axée autour de Peter Pan. Son image résonnait en elle comme une évidence, traits fins, sourire éclatant, mais ce qui la marquait le plus était son regard, on pouvait y entrevoir de la compassion pour ces enfants. Clochette le savait, pour eux il n'était qu'une question de temps, dans ce monde voué à la jeunesse et l'insouciance, avant que leur funeste destin ne les rattrape. Elle ne partait jamais seule à l'aventure, fidèle alliée dans son combat contre les pirates aux côtés de Peter Pan et des enfants perdus, elle ne faiblissait pas et ne cessait de fournir sa fameuse poudre magique afin de garder ses compagnons au dessus du sol. C'était une vie simple, mais remplie d'aventures que vivait Clochette, celle-ci se contentait d'observer Peter de loin, sans jamais montrer un signe de son amour secret pour lui.  

Cette époque d'insouciance pour Clochette fût bientôt brusquement perturbée par l'arrivée de nouveaux éléments à Neverland. Elle verra son équilibre voler en éclat par une seule personne Wendy. C'était là la racine du problème, dès son arrivée le regard hautain et jaloux de la fée ne cessait de peser sur la jeune fille innocente. Celle-ci aussi naïve soit-elle ne tardât pas à remarquer les regards jetés par la Fée. La jalousie faisait alors son apparition petit à petit, au début il ne s'agissait que de petits moments que Peter passait avec Wendy qui l'agaçait. Mais plus le temps passait, plus elle se rendait malade de ce rapprochement qui s'établissait entre ces deux jeunes âmes. Cela crevait les yeux qu'un lien spécial les connectait entre eux, tous le monde pouvait s'en apercevoir sauf eux-mêmes. La quiétude qui régnait par le passé n'était plus qu'un vague souvenir, ceux-ci se dérobait tel un sablier écoulant ses grains un par un. Loin derrière elle, ces moments "privilégiés" passé avec Peter, si on peut les appeler ainsi. Car la plupart du temps il ne s'agissait uniquement que de vagues promenades ou explorations. Au fur et à mesure la présence de Wendy pesait de plus en plus sur Clochette, et elle venait de plus en plus à se convaincre elle-même que Peter était tombé amoureux d'elle.

Wendy était une fille douce, gentille et innocente. Certes, elle était fort jolie, un minois dont personne ne pourrait douter, une âme si pure et immaculée. Clochette n'avait rien contre Wendy en soi, elle se voyait juste voler son amour qui jusque là lui était déjà difficilement accessible. Au plus profond d'elle, elle savait que la haïr à ce degré ne la mènerait pas bien loin, c'est pourquoi commencer à réfléchir aux mesures à prendre devenait une éventualité. " Un petit mensonge ne fait de mal à personne.. " se dit-elle. C'est alors que sa déchéance commençait à l'intérieur d'elle-même. La si pure Fée que Peter connaissait ne s'était transformée qu'en un monstre de jalousie prête à tout pour satisfaire ses propres envies, cependant il subsistait toujours au plus profond d'elle-même une petite étincelle, entièrement dédiée à Peter, mais celle-ci était noble, et pleine de bons sentiments. Son sentiment d'abandon avait constamment été alimenté depuis l'arrivée de Wendy, par les actions de Peter. Ce monde qui à priori ferait rêver n'importe quel enfant ne s'était transformé qu'en un enfer insupportable pour la Fée, il lui était impossible de concevoir qu'elle devrait y vivre plus longtemps. C'est ainsi qu'elle scella son destin...

Ce beau matin, on pouvait à peine entrevoir les chauds rayons du soleil, tentant de percer l'épaisse brume qui s'était installée sur Neverland. La colère s'était évanouie il y a bien longtemps, laissant place à une mélancolie sans fin. Son âme s'était envolée, ne laissant derrière elle qu'une coquille vide, qui n'a plus aucune utilité, sans aucun avenir. Agonisant à petit feu, la Fée se laissait mourir intérieurement, on ne pouvait dès lors plus apercevoir dans ses yeux que la volupté sans fond des ténèbres qui avaient enrobée son essence. Le fait que Peter l'ignore de plus belle à toutes ses apparitions ne faisait que creuser cet abysse dans lequel elle s'était plongée et s'y enfonçait plus encore chaque jour. Les sentiments virevoltaient dans son petit corps qui s'affaiblissait avec le temps qui passe. Le fait que Clochette soit abattue dura un très long moment, si long qu'elle-même ne doit correctement se rappeler de cela, un état second s'était emparé d'elle. Malgré cela elle continuait de vivre, comme si de rien n'était, tentant bien que mal de ne pas laisser paraître aux autres son état d'esprit, afin d'y préserver sa place. Pour atténuer son désespoir, elle fit maintes tentatives pour éponger son chagrin, tel que se changer les idées, en s'éloignant un moment du groupe, oublier l'existence de Wendy, cette voleuse qui lui avait prit ce à quoi elle tenait. Mais rien ne fonctionna.  

C'est alors que dans cette noirceur, une étincelle a éclos, telle la fleur qu'elle fut autrefois. Une fois l'idée semée dans sa tête, elle ne pouvait plus se la déraciner. Prête à tout pour retrouver la chaleur d'antan que lui procurait la gentillesse de Peter. Partagée entre obscurité et son amour inconditionnel; elle restait malgré cela aveuglée par la jalousie. Les jours qui suivirent, s'enchainaient et se ressemblaient tous. C'est alors que vint ce jour, celui ou elle décida de faire pencher de destin en sa faveur, ce dernier coup de poker serait donc son dernier atout dans cette guerre froid qu'elle livrait contre Wendy. C'est dans ces temps de confusion qu'elle rencontra par hasard le Capitaine Barbe Noire, sa prestance lui parue d'une singularité vraiment impressionnante. Il était apparemment à la recherche du Capitaine Crochet, car il aurait ouïe dire qu'un trésor très précieux avait été enfoui quelque part sur l'île où vivait Peter. Clochette décida de l'aider, mais en vain, après plusieurs jours toujours aucun signe de Crochet ni d'un quelconque trésor. Afin de récompenser la petite Fée de l'aide qu'elle lui avait fourni, Barbe Noire lui offrit un poudrier, il était fort joli, et avait l'air précieux. Finalement décidée à agir, elle venait trouver le Capitaine Crochet après le départ du Capitaine Barbe Noire, afin de lui livrer Peter Pan, du moins l'endroit ou il pouvait bien se terrer. Son plan était infaillible, il ne pouvait pas échouer se dit-elle. "Il m'aimera à nouveau..". Sans plus tarder Crochet empoisonna la potion contenue dans le fiole que Wendy lui avait donnée. Le lendemain accablée de remords Clochette ne pu se résigner à exécuter son plan. Elle expliqua donc à Peter ce qu'elle avait fait et ce qui la poussa à agir. Il lui rit au nez, niant même le fait que cela pu se passer tel qu'elle le racontait, elle lui prit la fiole des mains et bu d'un coup sec le contenu de la fiole.

L'effet ne se fit pas ressentir tout de suite, un petit moment s'écoula avant de ressentir les effets néfastes de ce poison sur son corps, le fait que la magie coule dans ses veines a du retarder le processus. Peter n'avait pas l'air de se soucier du sort de celle qu'il considérait comme son amie. Évanouie sur le sol, les enfants perdus la trouvèrent allongée, comme s'il elle s'était assoupie en plein vol. Sa respiration était lente, ses couleurs s'échappaient de son visage, elle était d'un blanc pâle très inquiétant. C'est alors qu'ils appelèrent Peter en urgence, aussitôt dit, aussitôt il se ruait vers la pauvre Fée étendue par terre. Dubitatif face à la situation il devait vite trouver une solution, c'est alors qu'il se rappelait les dires de Clochette la veille. Réunissant toute l'énergie dont ils disposaient, ils se réunirent en cercle autour d'elle, en se tenant les mains. Un lumière dorée, très étrange commençaient à émaner de la fée, celle-ci se voyait recevoir l'énergie que Peter et les enfants perdus avaient canalisée. Elle se voyait à partir de là hors de danger. Plusieurs jours passèrent, Clochette avait besoin de regagner ses forces après une telle épreuve. À son réveil, Peter veillait auprès d'elle, son coeur se réchauffa alors d'une lueur qui lui était encore inconnue, "Serait-ce l'amour qui l'a poussé à veiller sur moi ?". Aucune interrogation ne suivit suite à cet accident, ni de la part de Peter, ni de la part de qui que ce soit d'autre. Son plan avait échoué, néanmoins, elle se sentait apaisée, elle avait empêché l'empoisonnement de son cher amour. La haine éprouvée dans le passé envers Wendy, était bien loin alors. Malgré cela, même après cet évènement, elle ne se voyait toujours pas satisfaite, la présence de Wendy à Neverland ne tarda pas à la gêner à nouveau. La continuité repris son cours, et cette vie monotone ne se vit plus bouleversée par quoi que ce soit d'autre, jamais...

 "Ou suis-je? [...] Que m'est-il arrivé ?" Elle se réveilla dans une chambre blanche, une drôle d'odeur avait envahit la pièce. Partiellement consciente elle commençait à paniquer, à s'interroger sur l'environnement qui l'entourait, on pouvait lire la frayeur sur son visage. On constatait aussi que son visage était fort marqué par la fatigue, elle avait du dormir un long moment. Des hommes et femmes vêtus de blanc, étaient assemblés autour d'elle. Blottie au fond d'un lit assez modeste, qui semblait vraiment inconfortable, recouvert d'un drap blanc un peu écru, plusieurs coussins étaient disposé à l'arrière de sa tête, afin de maintenir son cou. Elle s'efforçait de parler mais désorientée et encore engourdie, cela était assez difficile pour elle. Aurait-elle atterrie là par magie ? Un homme s'avança au chevet de la jeune femme, mais qui était-elle d'ailleurs ? Une personne l'aurait trouvée inconsciente dans la rue, et l'aurait amenée aux urgences. Thompson Chloé, voilà ce que l'on pouvait lire sur ses papiers d'identité. Elle rassembla peu à peu les quelques forces qu'elle avait emmagasinée grâce à son repos, et demande dans un dernier effort avant de s'évanouir ou elle se trouvait. "Vous vous trouvez à l'hôpital de Portree Mademoiselle" [...] "Portree ?..." se dit-elle. Plusieurs jours passèrent et son rétablissement allait de bon train. Il n'y avait jamais eu aucune inquiétude quant à son état de santé, mais les circonstances de son arrivée étaient toujours un mystère pour tous le monde. C'est une fois sortie de ce centre de soin médical qu'elle fut guidée par son instinct. Elle marcha donc, de longues minutes, si ce n'est même une heure ou plus. Elle arriva face à un appartement à la façade accueillante, presque rassurante. Cet endroit lui semblait sans doute familier, elle sortie instinctivement la clef de la poche de sa robe verte, et la tourna dans la serrure afin de déverrouiller le loquet. Elle entra donc sans se poser de questions. L'intérieur était cosy, et chaleureux, elle s'y sentait chez elle.

Ses souvenirs avant son arrivée à l'hôpital avaient comme disparus. Elle avait souvent des flashback, "Une île ?... Des enfants ?... Peter Pan ?". Troublée par cet afflux de souvenir dans sa tête elle était souvent prise de migraines. Deux semaines s'écoulèrent dans cet appartement, sans qu'une seule fois elle ne se décide à sortir mettre le nez dehors. Finalement, sortie de son trou, elle avançait prudemment, dans une direction aléatoire. La voir marcher dans la rue ne semblait pas attirer l'attention des passants, bien au contraire elle paraissait être une jeune femme plutôt banale en apparence. Après un long moment à errer dans les rues de cette ville dont elle ne s'était pas encore habituée, elle finie par atterrir devant un pub. La façade était éclairée de jolis néons colorés de rouge et de jaune. Ces lumières brillaient, le regard fixé vers ces couleurs chatoyantes elle semblait hypnotisée. Elle se décida finalement à entrer à l'intérieur de cette bâtisse qui semblait délabrée. Était-elle à l'aise ? Sans doute que oui, elle s'attabla et prit place à côté du barman. "Ce s'ra quoi pour toi mam'zelle?" Elle le fixa un moment d'un air dubitatif, ne savant pas quoi lui répondre. Elle n'avait pas mangé depuis deux jours, on pouvait entendre son ventre gargouiller à plusieurs mètres à la ronde. Le barman lui apporta donc de la nourriture. Le regard intrigué que portait le propriétaire du bar sur la jeune femme était discret. "Dis t'as l'air d'une brave fille, tu fais quoi dans la vie?" Occupée à dévorer les petits apéritifs que lui avait apporté l'homme elle resta silencieuse tout en détourant le regard. "Ça te dirais pas de v'nir travailler ici pour moi, j'cherche une serveuse". Essuyant les miettes collées sur le bord de sa bouche, elle relevait doucement la tête. "Je m'appelle Chloé... Enchantée". Un large sourire fit son apparition sur le visage du barman, mais cela ne tarda pas à se transformer en un fou rire aussi soudain qu'intarissable. Le lendemain elle se voyait revenir à ce même endroit, mais en tant que serveuse.

Son adaptation à cet environnement qui lui semblait totalement nouveau était donc réussi. Mais ces flash récurrents ne s'étaient pas calmés, beaucoup de questions étaient reliées à cela. Mais elle vivait sa vie, elle  y est bien obligée. L'habitude s'installa chez elle d'aller le soir sur les quais, observer la mer au moment du crépuscule ou le soleil quitte l'horizon marin. Son travail lui apportait la satisfaction de bien des manières, et lui procurait le sentiment d'être utile aux personnes qu'elle rencontrait dans ce pub. Une sorte de monotonie s'installa vite dans son quotidien, mais cela lui convenait, elle s'y sentait bien. Réglée comme une horloge, elle exécutait chacune de ses tâches quotidiennes avec investissement et de manière efficace. Elle rencontrait un tas de garçons et de filles sur son lieu de travail. La plupart de ces garçons savaient très bien qu'elle leur était inaccessible, mais cela ne les empêchaient pas de lui offrir un petit verre après le service. Depuis un moment, trottait dans sa tête une idée, mais l'océan l'effrayait, elle voulait prendre son courage à deux mains, et enfin relever le défi qu'elle s'était lancée; partir faire un tour en mer sur un voilier. La quiétude d'une vie simple et sans complication, voilà ce qui définissait le mieux son mode de vie. De nombreuses rencontres eurent l'occasion de changer son quotidien, mais rien que ne fut pas éphémère. Aventures d'un soir après aventure d'un soir elle multipliait les conquêtes. Mais quel manque cherchait-elle à combler par le biais de cette débauche sexuelle sans limite ? Allez savoir, elle même ne le savait toujours pas. Ce qu'elle ne tarda pas à réaliser est qu'elle avait soif d'amour, de passion et de tendresse.

Ses désespoirs passés dans son ancienne vie, ses manques à combler dans le monde réel, tout cela ne fait qu'un. Une seule et même chose qui guide la personne de Clochette, ou plutôt Chloé, voici donc ce qui alimente son être. Peter Pan, ce nom lui résonnait en tête tel un mauvais slogan publicitaire qui passaient en boucle à la télévision. Lui serait-il à jamais inaccessible ? La malédiction que Merlin jeta sur les êtres de Légendes et Contes ne fut peut être pas si bénéfique que cela pour la petite Clochette...