Faut que j’me dégote un psy balaise si j’veux pas finir l’histoire en vrac.

Lorsque j'ouvre les yeux, il y a une seconde, une seule, où je me sent bien. Entière. Où j'ai l'impression d'être revenue dans mon monde, de ne plus être prisonnière ici. De ne plus m'appeler Poppy, que tout ceci n'est qu'un vaste cauchemar. Je m'attends presque à voir Percy débarquer dans la pièce, avec un large sourire aux lèvres: celui qui fait louper à mon coeur un battement. Celui qui provoque ce lâché de papillons dans mon ventre. Celui qui me fait retomber tous les jours amoureuse de lui. Oui, l'espace d'une seconde, tout rentre dans l'ordre. Et finalement, celle-ci s'écoule, s'égraine et là, la réalité reprend le dessus. Notre nouvelle réalité à tous, pauvres âmes perdues. Et comme tous les matins, je tombe de haut. Alors je soupire et pose mes mains sur mon visage en fermant fort les yeux. Je n'ai qu'une envie: rester là, dans mon lit. Cachée sous ma lourde couverture. Mais c'est impossible. Je n'ai pas le droit de me laisser aller, de déprimer. Ce ne serait pas "moi", tout simplement. Alors, je ne sais pas réellement comment, mais je trouve la force de me lever, comme tous les matins. Je repousse ma couverture, et essaie en même temps, d'enfermer dans un coin de ma tête tous les souvenirs qui m'assaillent. Ils reviennent toujours. Ils provoquent mon manque, et c'est pesant. Une fois debout, je me plante devant mon miroir, regarde mes cheveux en bataille, mon teint pâle et mon haut à moitié descendu, ne cachant plus mon épaule gauche. Ensuite, je souris. Ce n'est pas un sourire sincère. C'est un essai. Puis je prends une profonde inspiration avant d'expirer, expulsant toutes les idées noires que je peux encore avoir. Et je reprend le dessus. Je ne pense plus à mes rêves, à mon passé. A Percy. A nous. Puis je me dirige vers ma penderie, où j'attrape quelques vêtements, simples et sobres, mais jolis, prête à affronter une nouvelle journée.

Une fois prête, je sors de chez moi. Parfois, je me sent tellement seule ici que je n'ai qu'une envie: m'en aller. Prendre l'air. Heureusement que là, je suis censée retrouver mes amis pour boire un café avant d'aller bosser. Surtout qu'une longue journée s'annonce pour moi, et j'aurai bien besoin de ça. Profiter un peu de mes proches afin de pouvoir affronter l'angoisse des clients tout au long de ces heures interminables. Heureusement que j'adore mon métier! Et plus je me rapproche du café, plus mon coeur se fait léger. Puis, lorsque je pousse les portes et que je les voit, attablés, je ne peux m'empêcher de sourire. Je n'ai qu'une envie, me jeter dans ses bras. Le serrer fort contre moi. J'aimerai retrouver l'homme que j'ai tant aimé, dans un tout autre monde: mais c'est impossible, et c'est ce qui fait le plus mal. Pourtant, alors que je m'approche d'eux, mon sourire ne me quitte pas. En me voyant arriver, Percy sourit et se lève, pour me saluer. Je l'embrasse sur la joue: c'est devenu naturel, et j'ignore le pincement qui agresse mon coeur pour ensuite m'assoir à la seule place libre. Devant moi se trouve une énorme tasse de café avec un nuage de lait. Mon sourire s'agrandit. Finalement, peut-être que ma journée ne sera pas aussi difficile que ça, qui sait?