Gribouillages et crustacés. Crashest uno. {Blythe et Arsène}

Une pause. Enfin. Bien que j'aime immensément mon travail, j'aimais ces deux petites heures à distance de ces petits garnements. Et puis, je peux manger tranquillement. Sans qu'un gamin vienne me voir, en me demandant de quelle couleur serait ma chemise demain, pour qu'il puisse s'accorder avec. Joshua, quel pot de colle. Je ne suis pas son professeur, mais pourtant, il me voue un culte, c'est impressionnant. J'ai limite l'impression d'être comme son super-héros préféré, qui aurait oublié sa cape et son leggings au placard. Non, moi je préfère sortir une chemise blanche, une veste de smoking bleu marine et mon jean marine. Et ca me convient amplement. Et puis, qui se soucie bien de savoir comment je m'habille ? Auparavant, il y avait bien Poppy, qui, tous les matins, me scrutait m'affubler de tel ou tel jeans, encore allongées sous la couette. Mais désormais dans les bras d'un autre, seul mon avis m'était utile.

Je quittais donc l'institut, laissant mes charmantes têtes blondes avec les jeunes femmes de la cantine. Je pouvais alors me rendre au salon de thé, accompagné de ma boîte à repas. J'y mangeais tous les jours. Une habitude que j'avais pris dès lors que j'avais appris l'existence de cette petite boutique. Elle ne payait pas de mine, mais l'accueil y était sympathique, et le thé succulent. Je ne vous parle pas des petits gâteaux ! Arrivé à destination, je m'installais à table sur la terrasse, sortant une petite boite contenant carottes, salades et vinaigrette, ainsi qu'une tablette tactile que je posa sur le bois de la table. Je n'allais manger rien de bien folichon, mais adorant plus que tout les carottes, je ne pouvais qu'adorer ce met. Si je pouvais manger tout cela nature, je le ferais, mais les gens me regardent généralement de manière un peu étrange. Ok, je suis un peu bruyant, mais... J'y peux rien moi ! C'est instinctif ! Et puis, c'est peut-être aussi car auparavant j'étais un lapin. Allez savoir comment, je n'ai toujours pas compris les raisons qui nous ont permises de devenir humains...

Je mangeais cette petite salade, me délectant du soleil à son zénith. Il faisait bon et chaud. Et même le vent léger du midi ne faisait que me sentir on ne peut mieux. Ce petit vent me laissait m'évader un peu plus loin, m'imaginant gambader dans un champ fleuri par les boutons colorés et humant bon le printemps. Cette terrasse silencieuse me laissait rêver. Ce que je ne faisais plus depuis quelques temps déjà. Poppy en faisait parti. Mon amour... Qu'est ce qu'elle peut me manquer...  Son sourire, ses jolis yeux, sa douceur autant que son énergie... Mon cœur a mal, mal d'amour, mal tout court. Manger sur cette terrasse, me permettait l'évasion, avant quelques instants de jeu. Il ne manquait plus que ma partenaire. Elle ne devrait pas tarder, du moins... Je l’espérais.

Et une assiette de casser. Une de plus. C'était habituel dans le salon de thé d'entendre le bruit de la vaisselle cassée. La responsable était souvent Blythe à cause de sa maladresse légendaire. Mais cette fois-ci, la brune n'y est pas pour rien. Pour une fois, ce n'était pas elle la responsable de cet incident. Pour une fois, elle était en train de faire son travail – ce qui est en soit un petit miracle – en train de servir un client. Ce n'était pas une tasse ou une assiette qui avait glissé de ses mains. Et lorsqu'elle avait entendu ce bruit, elle eut un léger sursaut. « C'est pas moi ! » Ces mots étaient sortis tout seul de la bouche de la serveuse. Il lui avait fallu quelques secondes, qui semblaient être plutôt longues, pour se rendre compte de l'absurdité de la situation. Bien sûr que ce n'était pas elle. Le regard de la jeune femme parcourait l'ensemble de la salle. La plupart des clients la regardait bizarrement, se demandant pourquoi elle avait eu ce genre de comportement. Et les autres clients s'en fichaient complètement. Peut-être qu'ils ne s'étaient pas rendus compte. Heureusement. Comme ça, elle ne s'était pas ridiculisée devant tant de personnes que ça. Quoi que maintenant, ça ne doit pas la déranger. Cela fait bien longtemps qu'elle se ridiculise pour en avoir honte. « Désolé. » Et voilà, maintenant qu'elle s'excusait. Mais pourquoi? D'avoir eu ce stupide réflexe. C'était normal. Il fallait qu'elle arrête. Mais c'était plus fort qu'elle. Elle devait s'excuser pour tout et n'importe quoi. Et après une ou deux secondes, elle fut ramenée à la réalité. Un cri. Un pleur d'enfant. En se retournant, elle le vit cette enfant qui semblait avoir fait tomber son assiette. Le gâteau était aussi au sol. Elle s'était dirigée vers l'enfant avec un sourire bienveillant, essayant de le rassurer. La jeune serveuse avait nettoyé les dégâts – réussissant à se couper au passage – avant de lui apporter un autre gâteau. Gâteau qu'elle avait elle-aussi envie d'avaler. C'était un gâteau d'Esteban après tout. Cela donnait forcément envie de manger. Blythe avait toujours un grand sourire lorsqu'elle vit l'enfant se réjouir lorsqu'il vit le gâteau. La joie était littéralement sur son visage.

Et la brune se tourna vers la rue. Et elle le vit. Arsène était là. Assis en terrasse en train de déjeuner. Elle s'était dirigée vers la cuisine, prenant rapidement un des petits gâteaux récemment terminés par le jeune pâtissier. Elle n'avait pas le droit d'y toucher. C'était pour les clients. Mais là, elle pouvait le dire. Ce n'était pas pour elle, mais pour un client. La brune s'était installée devant Arsène, posant devant lui l'assiette de pâtisserie. « Cadeau de la maison. » dit-elle avec un grand sourire. Un sourire qui montrait toutes ses dents. Blythe plongea son regard dans celui d'Arsène avant de se rapprocher de lui. « Alors, qu'est-ce que tu m'as préparé ? » dit-elle en tapant rapidement sur la table. Est-ce qu'elle était pressée de voir l'activité qu'Arsène lui avait préparé ? Totalement. En sa présence, la jeune femme se comportait comme une fois. Enfin, cela ne changeait pas vraiment. Blythe avait toujours eu ce côté enfantin. Mais avec lui, c'était différent. C'est comme si elle pouvait vraiment avoir l'enfance qui lui a été enlevée.

La miss s'installa sur la chaise vide en face de moi. Je n'eus même pas le temps de la voir arriver, obnubilé par mon repas. Ce n'est que la douce odeur de son parfum qui me fit relever le regard vers elle. Marshmallow, et une pointe de cannelle. Je pensais souvent que chaque flagrance correspondait au caractère de telle ou telle personne, suivant son caractère. Présentement, je pouvais vous dire que Blythe était d'une douceur incomparable, avec tout de même une touche de folie. Oui, c'était bien elle. Elle me faisait d'ailleurs régulièrement penser à une autre jeune fille que j'avais connu il y a quelques temps déjà, mais dont je n'arrivais pas à remettre de nom ni de visage. Ces petits souvenirs me revenaient au contact de ma montre à gousset, sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. J'avais juste réussi à comprendre qu'auparavant, je n'étais pas vraiment humain... Enfin, c'est ce que je crois. Je peux même vous dire que je faisais la distribution des œufs de Pâques, et que je jouais du clairon, habillé de rouge et de noir. C'est étrange vous pensez ? Oui, mais à force, je commence à y croire. Cela me semble tellement réel ! Mais revenons-en à l'instant présent. En s'installant, Blythe avait déposé sur la table une assiette contenant un gâteau.

"Cadeau de la maison !"

Mon visage s'illumina, ces petits gâteaux, je les adorais ! Leur odeur et leurs couleurs, c'était un vrai régal pour les yeux et pour les papilles. Ils m'en retournaient la tête à tous les coups !

"Merci Blythe, c'est gentil ! D'ailleurs, je crois n'avoir jam-..."

Et puis avant d'avoir terminé ma phrase, son sourire m'attrapa, m'emprisonnant dans sa joie de vivre. Elle avait ce don de pouvoir vous redonner la patate en un simple sourire. J'l'appréciais beaucoup pour cela.

"Alors, qu'est ce que tu m'as préparé ?"

Non, j'allais pas pouvoir finir ma phrase ! Mais je m'en contre fichais ! Je savais exactement où elle voulait en venir ! Un sourire en coin, et je laissa ma fourchette dans mon petit bol de salade, attrapant en échange ma tablette. Je la déverrouillais, et ouvris une application récemment trouvée. Je posais alors la tablette devant Blythe, impatient de connaître son avis, voulant savoir si cela plairait à l'une des classes dont je m'occupe.

"Et bien... Voila ! Une feuille blanche, des couleurs, tu dessines ton petit personnage à ta guise, enfin, un personnage, un animal, un objet, ce que tu veux ! Je tiens juste à te dire que cette petite chose va devoir sauver un village d'une attaque d'ours miniatures."

Je ne voulais pas en dire trop, je voulais qu'elle découvre par elle-même comme lorsque les enfants découvriront cette activité. Qu'allait-elle bien pouvoir faire ? J'espérais absolument qu'elle marche dans mon idée, sinon, comment je présenterais cela aux enfants ? Fixant Blythe du regard, j'attendais une réaction.

Sans doute qu'elle avait agit de nouveau bizarrement. Ce n'était presque plus étonnant de la part de Blythe. Elle agissait toujours de façon bizarrement. Mais pas trop, pour qu'on puisse trouver ça normal. C'était Blythe. Alors lorsqu'elle a vu Arsène, assis à sa table sur la terrasse du salon de thé, elle s'est précipitée. D'abord dans la cuisine, pour prendre quelques pâtisseries. Esteban lui avait dit quelque chose. Du moins, elle avait cru attendre quelques sons, formants des mots, à son égard. Elle avait cru. Peut-être que ce n'était qu'une hallucination de plus, alors elle avait pris soin d'avoir fait comme si elle n'avait rien entendu et donc de continuer son chemin et d'aller vers Arsène. C'est avec un grand sourire qu'elle s'était en face de lui, mettant cette assiette pleine de bonne chose sous son nez. C'était un cadeau de la maison. Enfin surtout de Blythe. Un cadeau de Blythe, c'est ça. « Merci Blythe, c'est gentil ! D'ailleurs, je crois n'avoir jam-.. » Et le sourire de la brune s'était agrandi. Elle aimait voir les gens heureux. Alors l'expression qu'il avait lorsqu'il regarda cette assiette l'avait mis encore de meilleure humeur. Et puis, la serveuse avait posé la question. Qu'est-ce qu'Arsène avait bien pu lui préparer. C'était ça qu'elle attendait. Voir quelle activité, il avait inventé. Elle adorait ça chez lui. Elle pouvait s'amuser comme une enfant. Elle rattraper le temps qu'elle avait perdue. Le temps qu'on lui avait pris lorsqu'elle était à l'hôpital. « Et bien... Voila ! Une feuille blanche, des couleurs, tu dessines ton petit personnage à ta guise, enfin, un personnage, un animal, un objet, ce que tu veux ! Je tiens juste à te dire que cette petite chose va devoir sauver un village d'une attaque d'ours miniatures. » Et le sourire de la brune s'était agrandi lorsqu'elle a entendu qu'il fallait dessiner. Ça, elle savait faire. Et plutôt bien. Cela ne se transformerait pas en catastrophe. En tout cas, elle l'espérait. Elle avait pris les feuilles et les crayons, commençant à réfléchir sur ce qu'il fallait dessiner. La jeune femme réfléchi durant quelques secondes, fronçant les sourcils avant de poser son regard sur Arsène. « Des ours miniatures ? Genre des oursons ou des ours nains ? Parce que si ce sont des oursons, alors il ne faudrait pas leur faire de mal. Les parents seront certainement pas loin. Donc le village risque d'être en plus d'attaquer par de grands ours. Et si ce sont des ours nains …. Peut-être qu'ils ne sont pas si méchant que ça. » Blythe et ses questions. La consigne était pourtant simple. Très simple même. Sauf que Blythe était toujours en train de compliquer une tâche et cela passait par des questions inutiles. Ce n'était pas vrai. Et pourtant, elle semblait plus que sérieuse en les posant. Ce n'était pas si grave de ne pas savoir quel type elle devait avoir. Arsène lui demandait simplement de dessiner quelque chose qui pourrait protéger un village d'une attaque. Blythe avait pourtant commencé à dessiner. A dessiner ce village qui serait attaqué par des ours. Elle avait commencé à dessiner ce qui semblait être une place de village, avec une fontaine. Oui, là aussi il n'y en avait pas besoin, mais pour la brune c'était le cas.